Tu Sais Ce Que C'Est Toi Que… par Pascale

 

Tu sais ce que c’est toi que d’être taillé régulièrement, de voir sa silhouette diminuer au fil du temps.

Tu sais ce que c’est toi que de subir des pressions, de cracher le contenu de son corps, peu à peu, en petits tourbillons.

Tu sais ce que c’est toi que de recevoir sur soi des substances gluantes, substances dont les restes deviennent des croûtes qui nuisent à l’élégance.

Tu sais ce que c’est toi que d’écraser des matières collantes avec ses poils sensibles, de subir ensuite un nettoyage horrible.

Tu sais ce que c’est toi que d’être tartiné, étouffé, de perdre sa blancheur immaculée.

Tu sais ce que c’est toi que de supporter le poids de rectangles successifs, de maintenir l’équilibre, attentif.

Tu sais ce que c’est toi, le peintre adoré, admiré, que de vivre tout ça...

 

Outils de ton atelier en attente de reconnaissance

 

2025.03.20 jeu.
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Comme Un Volcan par Pascale

 
Une vie

 

Depuis mon observatoire, cette porte vitrée fermeture de ton habitacle provisoire, je te scrute à fréquence régulière, surveille l’évolution de ta structure.

Ta géothermie augmente. Ton manteau se solidifie, projette de fines coulées de lave sur ta croûte déjà sèche. Ton noyau, lui, est sans doute encore tendre.

Ma main gantée ouvre la porte, t’attrape, te dépose sur un nouvel espace : elle t’évite ainsi la couleur basalte que je redoutais. Une fine fumerolle s’échappe de ton corps allongé, paré en son centre d’un cratère discret. Je t’extirpe du contenant qui t’enserre, te dépose tout près. Quelques lapilli s’éparpillent autour de toi.

Afin de t’offrir un bien-être équivalent à celui que procure un soin thermal, je dispose le long de ton dos des rondelles jaune pâle. Je veille à créer entre elles des contacts parfaits : tectonique des plaques oblige.

Tu es magnifique. Je t’admire. Soudain la tristesse m’approche. Des failles te traverseront bientôt : séisme inévitable. Puis tu seras englouti : tsunami inéluctable. Alors mon téléphone portable capture ton image, t’immortalise, toi, mon premier Pinatubo Cake.

 

2025.03.20 jeu.

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Entrainer Par Trenet par Pascale

 
Que reste-t-il de nos amours ?

 

C’est un bien banal Coin de rue

Où flotte une odeur de morue

Et là tout près il y a La mer

Qui résonne dans mon cœur amer

 

Une rencontre Au bal de la nuit

Un premier baiser à minuit

Moi, serveuse dans Le grand café

Toi, marin toujours bien coiffé

 

À ta boutonnière une Fleur bleue

Tu me retrouvais tout moelleux

Et à La porte du garage

Nous emmêlions nos doux ramages

 

J’oubliais que Toi qui passais

Un jour la mer te reprendrait

Tu m’as dit : “Adieu Douce France

Demain je retourne à l’errance”

 

Et dans ce coin de rue Je chante

Au flot des vagues ma tourmente

Au-dessus Le petit oiseau

De son nid me donne le tempo

 

Nous on s’aimait Nous on rêvait

Et dans ma poche comme seul après

Voici le peigne, le miroir

Que tu m’offris le dernier soir

 

2025.03.20 jeu.
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