De L'Influence De L'Odeur Du Pain… par Thierry

Beurk ! J'en peux plus d'habiter au-dessus de cette boulangerie. Tous les matins dès mitron-minet, par vagues et assauts répétés, ça embaume l'air, ça m'ensorcelle, m'enlace à l'oreiller, me dore le cerveau, me pétrit dans un déluge gourmand. Au lieu de rester béatement à saliver, imaginant des bains de mie moelleux, des apnées pralinées, des supplices en chocolat, il faut que je m'exfiltre douloureusement de mon lit et aille dare-dare pointer. Rassir pendant huit heures ; baignant dans les relents d'huile surchauffée et de plastique brûlé, me voilà robot à faire ce que le robot ne sait pas faire. Quelle moche dégoulinade, quand on aspire à la croissance au beurre !

 

Ah ça !  Nom d'un baba au rhum ! Si j'étais Président, ça voudrait changer. Et pas qu'un peu, j'vous l'dit. J'te collerais un foutu régime tout en férocité gustative, mais en se hâtant lentement et savourant longuement. Ah ça ! Nom d'une Bressanne ! Y'a des excités du rendement, des fiévreux de la cadence, des effrayés de la lenteur, qui voudraient en baver pour le coup ! Et pour les autres, ça en baverait aussi : de déferlantes en tentations fondantes, de pataugeages en crème anglaise, de cataclysmes vanillés, de cataractes sucrées. Humm, à en devenir moitié gogol... et même complètement. Avec ce régime olfactif et dévoreur, aucune tolérance pour la contestation. Une de ces répressions, ça s'rait le cas de le dire, au four et au moulin. Tous les matins, personne n'y échapperait : tartinage artistique et relaxation gastronomique OBLIGATOIRES. Humm !

 

Plein les rues, qui y'en aurait du monde... Une marée humaine, la truffe flottante au vent, enivrée de toutes ces effluves, les yeux mi-clos en balançant doucement la tête, reprendrait à tue-tête le nouvel hymne : la Ripaillaise. Refrain : Aux pâtons citoyens / Formez vos panetons / Cuisons, cuisons / Qu'un pain nature / Ravisse nos papilles ! Un régime autoritaire, que ça s'rait. J'vous l’dit ! En circuit court, une bacchanale collective avec hystérie de fournil, fanatisme de pétrin et senteurs totalitaires. Matinale la ruée, oui, mais pas trop quand même. Eh ! Le Président c'est bibi et c'est bibi qui dit ! Faudrait pas l'oublier. Et pour le rappeler, du haut de ma tribune "pièce montée", un café fumant d'une main et une tartine ruisselante d'Epoisses de l'autre, j'haranguerais la foule en délice : "Humez-les les uns les autres, comme je les ai humés !", avant de me retirer en lançant un joyeux "Bonne fournée à toussetoutes".

2024.11.14 jeu.

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À Nous Les P’tites En ’L’Aise par Thierry

 

Où aller quand les rimes s'encrottent de glaise

Qu'elles enlisent molle bouillasse charentaise

Tréfonds de l'enfer ronflant à pleine fournaise

Ou ardente Marseillaise en quatre-vingt-treize

 

Ça pioche dur pour accoucher de 'laise à l'aise

Malaise de savoir voguer Corto Maltese

Sombrer p'tite frappe à niaises idées mauvaises

Ou soupirant de braise pour belle antillaise

 

Quelle mayonnaise monte avec ces fadaises

Homme biaise par où tu veux si ça t'apaise

2024.11.14 jeu.

 


 Pour paroles avec musique c'est par là...

https://www.youtube.com/watch?v=vWwgrjjIMXA (Vidéo TV, 1963)

https://www.youtube.com/watch?v=MMFj8uDubsE (Vidéo plan pochette)

(Désolé pour les possibles et insupportables publicités en préambule ou surgissant en cours de visionnage.)

(Traduction par Robert LOUIT et Didier PEMERLE dans Bob Dylan Lyrics Chansons, 1962-2001 · Éditions Librairie Arthème Fayard · 2008)

 
Pour retrouver la liste de toutes les chansons proposées et les liens www. pour les écouter, c'est ICI 

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