La
nuit était sourde, les rues menaient au café, le pavé renaissait dans les aubes
de zinc...
Sorti
de son lit, les yeux à peine ouverts, il consulta chaque pièce de
l’appartement. Il était seul, lui, petit garçon de huit ans à peine. C’était
comme ça de plus en plus souvent. C’était comme une habitude.
Il
enfila un blouson trop petit accroché au portemanteau, chaussa des baskets
plutôt confortables. À petits pas silencieux, il descendit les six étages,
inquiet de voir une porte s’entrouvrir, de croiser le regard compatissant ou
scandalisé d’un voisin.
D’un
pas qu’il souhaitait assuré, il marcha sur le pavé. Le chemin, il le
connaissait. Avancer, première à droite. Avancer, deuxième à gauche.
Le
Coq Hardi : nom étrange pour un
café. Le Coq Hardi, qui est-ce ? Un garçon peut-être. D’une main résignée, il
poussa la porte. Un serveur assoupi. Un homme écrasé sur le comptoir. À côté,
une bouteille de bière vide. La combientième, se demanda l’enfant ? Sous la douce
caresse enfantine qui effleura sa nuque, l’homme releva la tête.
«
Papa, il faut rentrer maintenant. »
Homme
effondré, enfant pilier, ils sont sortis.
2025.09.18 jeu.
« La
nuit était sourde, les rues menaient au café, le pavé renaissait dans les aubes
de zinc… »
[Phrase attrapée dans La Bonne Peinture, nouvelle contenue dans le recueil Le vin de Paris (page 243, Éditions Gallimard coll. folio.]
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