Influences Influencées par Michèle, version "texte continu"

Prétexte :
"Le temps s’égoutte seconde après seconde, il sera bientôt sec."

...

 

Au début il y avait un vaste océan qui commença à s’évaporer au soleil.

Tout s’est passé très rapidement car, cet océan je l’ai connu. Quand j’étais enfant, l’océan léchait les rochers, cinquante ans après, assise sur le sable, je distinguais à peine la lumière sur les flots. On aurait dit que l’eau, d’un seul coup, avait été absorbée mystérieusement. Sur la plage, les poissons s’échouaient, l’œil vitreux, fétide, les crabes perdaient leurs pattes, leurs pinces. C’était un spectacle désolant, atroce. Les méduses venaient s’échouer sur la plage, à bout de force, elles rendaient leur dernier souffle à mes pieds.

Des nuages noirs barraient le ciel, le tonnerre se mit à gronder. Puis la pluie se mit à tomber et le niveau des eaux recommença à s’élever. Malgré la pluie, l’océan restait un souvenir, ses habitants morts s’accumulaient. Le ciel était si sombre qu’il faisait presque nuit. Qu’adviendrait-il de moi si je restais immobile sur cette plage ? Serais-je ensevelie, noyée, sauvée ?

Complètement hagarde, je contemplais ce spectacle de désolation. Les mouettes rachitiques voletaient épuisées au-dessus de vagues ridicules : où est passée la pitance ? La chaîne alimentaire interrompue, ce changement climatique brutal, qu’allait-il se passer ? La pluie arrivait trop tard, ce n’était pas une bonne pluie fine, bienfaisante, celle-là n’annonçait que le chaos.

Les gens ne réagissaient plus, ils se contentaient d’observer, impuissants, la nouvelle montée de l’eau.

Par- delà l’horizon, l’eau poursuivait-elle son étendue ? Ce spectacle désolant était-il le même partout sur la Terre ?

Peu à peu, l’on vit surnager des ponts, des toits, des animaux hagards et des humains hurlant de peur.

C’est alors que je t’aperçus, toi, mon meilleur ami. Tu restais là, immobile : aucune envie d’avancer, aucun besoin d’en savoir plus. Je te pris par la main et d’un coup me sentis revivre.

Alors je sortis de ma léthargie, me levai et attrapai au hasard le premier être que je vis, c’était un garçon d’une douzaine d’années. Il semblait perdu alors que, miraculeusement, l’océan reprenait sa place, l’eau semblait resurgir du sable. Mais le soleil ardent recommença à briller si fort que de nouveau il réduisit le vaste océan. Et ce fut ainsi sans arrêt, l’océan était là puis, quelques jours plus tard, il n’existait plus. Nous regardions l’océan reprendre sagement sa place, le garçon a souri : n’ai pas peur, je suis là maintenant.

Mais c’en était fini de toute la vie aquatique qui n’avait pas le temps de se reproduire. Les souffrances se reproduisirent encore, identiques à celles déjà endurées. La vie désertait l’océan, les animaux disparaissaient petit à petit, le manque d’eau se faisait sentir plus durablement.

Une fois encore le destin avait frappé, la colère des Dieux s’était abattue sur la Terre. Les hommes avaient-ils compris ? Les hommes ou plutôt ceux qui restaient encore, mais jusqu’à quand ?

A la fin, l’océan asséché, transformé en désert, n’existait plus que dans les livres.

 

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Rédaction collective, la typographie des phrases fait écho à celle indiquant signature.

Christine, Hugues, Monique, Pascale, Agnès, Michèle

 

Michèle P., dernière Plume, pour les seize lignes liant chacune des phrases produites par les voisines.

2024.04.18 jeudi

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