Influences Influencées par Pascale, version "texte continu"

Prétexte :
"Le temps s’égoutte seconde après seconde, il sera bientôt sec."

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Hier est déjà loin, le présent devient vite le passé, qu’en sera-t-il du futur, existe-t-il, ce futur est-il déjà imparfait ? Plus je relis cette question, plus elle me déroute : aucune réponse à extirper de mon cerveau, de mon corps. L’avenir nous le dira peut-être à moins que lorsque l’on atteindra le futur il devienne notre présent. Peu importe, le passé absorbera tout ça : c’est son travail.

J’ai vu passer un lapin blanc, il courait après le temps que sa montre laissait filer derrière elle. Un lapin blanc avec une montre ce n’est pas banal, personne ne me croira, on m’accusera encore d’avoir fumé toute la matinée. Et Alice pourchassait le lapin sous le regard rieur du chat du Cheshire. Une petite fille qui court derrière un lapin avec une montre, un chat de race qui observe, tout ça dans ce décor habituellement vide, on m’accusera de fumer non-stop : je suis cuit, grillé. Le temps, comme la pluie qui tombe, s’évapore mais ne disparaît pas pour toujours. C’est vrai : le lapin, la montre, la fillette, le matou tournent en boucle dans ma tête. C’est un éternel recommencement, une histoire sans fin. Alors il faut que ce soit une jolie histoire : heureuse, magique, pleine de couleurs, de parfums.

Derrière mes paupières j’ai revu le futur se décomposer, les auxiliaires du temps ne pouvaient rien y faire. Alors je les ai enfouis au fond d’un tiroir pour les oublier à jamais. Être et avoir à tous les temps conjugués tournoyaient dans mon cerveau à la vitesse de la lumière. Es-tu sûr qu’ils y étaient tous, même le plus que parfait ? D’ailleurs les pendules ne font plus tic-tac, mais ploc ploc. C’est dommage mais c’est ainsi : un retour en arrière paraît impossible. Retour à la clepsydre. Le temps tombe goutte à goutte. J’essaie de les compter, dans ma tête les nombres se succèdent : soudain j’abandonne, saturé. Leur réservoir se vide, de fuite en fuite, sous les pendules le temps fait flaques. Flaques tièdes, luisantes, immobiles, en attente de quoi ? L’eau s’évapore, le temps s’enfuit à nouveau. Où file-t-il ainsi dans sa course limpide ? Après longtemps les nuages retombent, en averses ou en orages, doux ou violents. Le ciel s’illumine, s’exprime : j’aime les éclairs et le tonnerre. Les flaques se reforment. Et le cycle continue. C’est la vie : on ne peut rien y faire.

Les pendules ont cessé de fonctionner, les aiguilles baissent leur bras, les cadrans ne tournent pas rond. La grève est déclarée, elle s’organise ; quelles sont vos revendications auxiliaires du temps ? La ronde des heures s’éparpille les minutes. Les minutes chantent, se tortillent, entament une ronde folle. Tout se mélange dans ma tête, la clepsydre se vide goutte à goutte, le futur rejoint le présent, il est déjà passé, l’horloge est à sec, le temps est à sec.

 

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Rédaction collective, la typographie des phrases fait écho à celle indiquant signature :

Michèle, Thierry, Christine, Hugues, Monique, Pascale

 

Pascale, dernière Plume, pour les seize lignes liant chacune des phrases produites par les voisines.

2024.04.18 jeudi

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