Influences Influencées par Thierry, version "texte continu"

Prétexte :
"Le temps s’égoutte seconde après seconde, il sera bientôt sec."

...

 

Les aiguilles de la pendule ne s'étaient pas levées ce matin. Et vu mon état hier soir, je ne les avais pas vues se coucher non plus. Ce réveil faisait souvent des siennes mais c'était mon fidèle compagnon depuis des années, impossible de m'en séparer. Pensez ! Je l'ai ramené des Antilles. Fallait pas le brusquer et moi non plus.

Ce satané réveil dormait du sommeil du juste alors que moi, au garde à vous, je ruminais ma demande d'avancement.  Quels arguments avancer : "quand j'serai grand, j'serai plus tard", "qu'est-ce que j'ai pas fait hier, qui peut attendre demain", "rien faire, ça m'occupe" ? Incapable de me lever, je continuais à penser à la sale journée, qui m'attendait.

Bon allez, encore un quart d'heure au lit et après, ça va fumer. Après la tasse de café habituelle, je ne me suis pas habillé : le travail aux oubliettes, solidarité aux objets anciens. Pourquoi on a inventé le matin ? À midi, ça aurait suffi non ? Allez, onze heures trente pour l'apéro.

Alors j'ai commencé à établir une liste de doléances à présenter à mon patron, tout en gardant mon pyjama. Est-ce que je peux demander de travailler en pyjama ? Rayures ou pas rayures, ça se négocie.

Rongé de culpabilité, j'ai tout de même enfilé un pantalon. J'affronterai mon patron cet après-midi.

Y va voir ce qu'il va voir !

J'ai relu maintes fois ma liste, enlevé, rajouté, raturé, rien ne me satisfaisait. En fait, c'est changer de boulot, qui serait le plus simple.

À midi, malgré tout, le coucou a chanté ses douze coups. Pas moyen d'arrêter le temps. Recommencer à zéro. À ce train-là, je suis plutôt parti pour y rester... à zéro. La boule au ventre, j'ai commencé à me préparer pour ma future entrevue. Je me suis brossé deux fois les dents, mis un peu de sent-bon et des chaussettes propres. L'heure avançait, j'ai changé quatre fois de cravates. Je ne pouvais rien avaler. Dans l'escalier, j'entendais le bruit les voisins, qui retournaient au travail. Ils avaient l'air d'en être content.

En début d'après-midi, j'ai fini par être habillé et consentis à allumer mon portable. Quelle invention que cet engin. Joignable partout, pistable tout le temps et harcelé de pubs. Plusieurs appels manqués sur mon téléphone portable : je manque tant que ça ? Enfin, je crois que c'est plus à mon oseille qu'à moi, que la plupart de ces appels se destinent. Malgré mon jour de RTT, le patron avait essayé de me joindre. Je n'ai pas le temps d'écouter son message. J'espère que ça ne va pas le rendre fumasse. Déjà qu'en temps normal, on pense plus à l'abandonner qu'à l'adopter.

Cette fois c'est la bonne, je pars. Je m'installe au volant, mais la voiture refuse obstinément de démarrer. Déjà que j'étais pas en avance. Ce coup-là, c'est sûr, je marque pas des points d'entrée. Cette voiture, c'est comme mon réveil, ça fait des années que je l'ai. Impossible de m'en séparer. Vivement ma future augmentation ?

Qu'est-ce que je vais trouver comme excuse pour justifier mon retard ? Les aiguilles qui ne se sont pas levées, c'est dur à faire avaler quand même.

 

Ce soir je penserai à remonter la machine à ressort.

 

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Rédaction collective, la typographie des phrases fait écho à celle indiquant signature :

Hugues, Monique, Pascale, Agnès, Michèle, Thierry

 

Thierry, dernière Plume, pour les seize lignes liant chacune des phrases produites par les voisines.

2024.04.18 jeudi

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