Influences Influencées par Monique

 

Prétexte :
"Le temps s’égoutte seconde après seconde, il sera bientôt sec."

...

 

Betty ne supporte plus ses interminables dimanches après-midi, entre son père, qui traine en pantoufles, et sa mère attelée à sa table de repassage.

Au comble de l'exaspération, elle observe ses parents en soupirant, il faut dire qu'il y a de quoi.

Le père ne tourne pas rond en ce moment, le moral est à plat, du coup la mère s'en sert de table à repasser.

Finalement, lassée par toute cette inaction et cette monotonie, elle se lève brusquement et se dirige vers la fenêtre.

Il arrive un moment où le temps est trop long, où les autres vont trop vite.

Où l'on ne supporte plus d'être toujours soit excessivement en avance ou alors complètement à la traine.

Cette question de la relativité du temps la tourmentait, regarder les aiguilles suspendues ne l'aidait pas à comprendre cette restriction.

Elle avait toujours cru le temps immuable. Qu'il puisse varier d'un observateur à l'autre la mettait mal à l'aise. Que faire pour se divertir un peu ?

Elle n'avait pas pu aller à la bibliothèque et même pas un livre pour fuir le temps.

Elle restait là, condamnée à se poser des questions hautement métaphysiques, lorsque se retournant elle vit une chose extraordinaire.

La pendule avançait, elle avait bougé, s'était déplacée vers le centre de la pièce.

Non mais j'hallucine ! Eh ! Toi ! Une horloge digne de ce nom n'est pas faite pour se balader. Retourne vite dans ton coin et contente toi de faire tic-tac. J'ai besoin de calme pour réfléchir.

Le temps des autres est-il le même que le sien propre, dans le moment présent ?

Ou alors chacun possède son temps à lui et évolue selon son rythme indépendamment des autres ?

Le passé était gris, vieillot, il lui suffisait de regarder ses parents et le présent lui paraissait encore plus sombre.

Pour s'en sortir il fallait absolument qu'elle fasse quelque chose, n’importe quoi, pour sortir de cette situation embarrassante.

Ado rebelle et pleine de vie, quel gâchis de voir ses parents enfermés dans ce train-train, elle sortit et les enferma pour de bon à double tour de clé.

Voilà ! Une bonne chose de faite, je suis enfin délivrée de cet enfer.

Elle prit soin de jeter la clé dans le passé, afin que personne ne puisse la trouver au détour d'une heure ou d'un jour prochain.

Je suis enfin libre et heureuse ! Mais bientôt son cerveau se remit à se poser des questions, n'avait-elle pas agi trop impulsivement vis à vis de son père et sa mère ?

Peut-être la course du temps n'est-elle que la nôtre rapide ou lente selon nos forces.

Finalement elle décida tenter une expérience.

Et si cela tenait simplement à la course des planètes.

À leur rotation, je vais adopter un mouvement giratoire pour voir ce que cela donne.

Elle tournait autour de la maison, se rendant compte que cela ne changeait rien à son ennui.

Quelle accélère ou ralentisse, aucune modification, elle regrettait sa conduite, des pensées contradictoires l'assaillaient.

Cette marche circulaire éclaira une idée, une intuition peut-être. Elle était une nouvelle terre, tout était possible.

C'était une nouvelle vie qui s'offrait à elle. Elle vivrait à son rythme, désormais, sans personne pour la perturber, surtout pas ses parents.

Quel besoin nous pousse à s'occuper des autres ? Générosité ou égoïsme ?

Vivre uniquement pour soi, sans se préoccuper de rien d'autre, est-ce cela la vraie vie ?

Alors ? Demain elle serait seule ? Perdue en elle déserte ? Une peur ancestrale la fit frémir.

Tout à coup une vérité lumineuse éclaira son esprit. Non, nous ne pouvons vivre les uns sans les autres, même si nous ne vibrons pas sur le même tempo. Il faut apprendre à vivre avec nos différences, voilà la solution.

Triomphante elle prit la clef et elle leur ouvrit enfin, ils n'étaient même pas fâchés.

 

Une version en "texte continu" est accessible en passant par ICI

 

Rédaction collective, la typographie des phrases fait écho à celle indiquant signature.

Agnès, Michèle,Thierry, Christine, Hugues, Monique.

Monique, dernière Plume, pour les seize lignes liant chacune des phrases produites par les voisines.

2024.04.18 jeudi

 

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