Madeleine(s) En Marcel Sur La Page par Thierry

 

Bam, bam, bam ! Sept heures déjà, le balai tape au plancher de la chambre. C'est le réveil, l'heure d'épailler et sans traîner. Habillage rapide, toilette fugace et je descends à la cuisine. Celle-ci est déjà fumante et parfumée, comme d'habitude. Les premiers ingrédients de la potée de midi mijotent dans la marmite avec un bouquet bien garni.

Un chocolat chaud vite avalé et je récupère les paniers à bouteilles. C'est mon boulot avant d'aller à l'école : faire le plein au tonneau à la cave et, si j'ai le temps, balayer la salle. L'Gégène et l'Tavien sont attablés devant leur chopine, discutant de tout et de rien. C'est leur pause casse-croûte à la fromagerie, après la tournée de ramassage du lait. Me voyant ouvrir la trappe de la cave, accompagné de mes bouteilles vides, ils ne manquent pas de me chambrer : "t'arrêtes pas de siffler, là en bas". "Et fort, qu'on entende", appuie l'autre. Y'a pas de danger pourtant. Le p'tit coup de rouge à cette heure-ci, pas trop pour moi.

Quand je remonte, ma mère est affairée à faire fondre du metton dans un caquelon. Dès le vin au frais, elle m'interpelle: "tiens aide-moi. Viens remuer la cancoillotte et surtout, tu n'arrêtes pas tant que tout n'est pas fondu." Debout devant la cuisinière, à l'intérieur de laquelle j'entends chanter le bois et devine les flammes, par les interstices entre les plaques, je touille, je touille, je touille, je touille. Hum ! À midi, elle sera encore un peu tiède et j'aurai droit à la peau au-dessus, qui aura croûté. Hum ! si j'arrive à avoir le quignon du pain frais avec, ça va être régal de chez régal. Il n'y a même pas besoin de m'ouspiller, pour passer le balai et préparer quelques couverts dans la salle.

2024.06.27 jeu.

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