Avant Dans Son Quartier, Dans Sa Rue… par Monique

Il est arrivé avec sa famille dans le quartier d'Oyonnax que les anciens nommaient l'Étoile du nord. Cela venait-il de l'étoile, à moitié effacée, qui était peinte sur le mur de la maison au croisement des rues Anatole-France, de Marchon et de Dortan, et qui a été remplacée de nos jours par la fresque des sports ? Peut-être. Ses parents avaient acheté une maison au Silor, un petit groupe de maisons érigées le long de la côte des fourches, l'actuelle route de Dortan.

Le coin était tranquille, les commerces nombreux. On allait se servir aux épiceries Collet ou Comtet, on prenait sa viande chez Brun, son pain chez Gay. Les hommes se retrouvaient au café Tolozan. Ils s’installaient pour boire dehors, à l'ombre des deux ou trois platanes à proximité des pompes à essence. Mais le lieu le plus fréquenté était le jeu de boule en face. Dès qu'il faisait beau, les parties s'enchainaient à un rythme d'enfer. Il aimait aller les regarder avec ses copains d'alors. Il aimait aussi descendre jusqu'à la maisonnette du garde barrière, à l'heure du passage de la micheline rouge et jaune, pour faire signe au conducteur, qui lui répondait en actionnant son sifflet.

Que la vie était paisible, il y avait très peu de voitures, peu de routes, beaucoup de prés où l'on allait cueillir des dents de lion pour la salade et des orties pour la soupe.

Presque tout le monde faisait un jardin, élevait des poules, des lapins. Tous les gamins accouraient pour voir le père Gayette, dont la ferme se trouvait à proximité de l'étang à Réminati, quand il venait livrer le fumier avec son tombereau tiré par son lourd cheval de trait.

On ne jetait rien, on ne perdait rien, on faisait ressoudé les bassines, les lessiveuses en zinc, on appelait alors le petit Léon Ferageot, autre figure célèbre d'Oyonnax et du quartier, qui arrivait perché sur son grand vélo.

C'était une autre époque, une autre façon de vivre, on prenait son temps, on pouvait laisser la porte grande ouverte quand on partait faire ses courses. Tout le monde se connaissait, les voisins c'était comme de la famille, on s'entraidait, on se parlait, il y avait une grande solidarité alors.       

 

2023.06.08 jeudi

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