Carnet De Voyageur Immobile par Salim

 

Carnet de voyageur immobilier

 

Mon voyage commence de là et se terminera sûrement pas

À travers l'écriture, je dis tout haut ce que les autres pensent tour bas

Impossible d'y croire si on ne le voit pas

Je vais vous raconter, vous faire voyager sans bouger de ce carnet de voyage

Mes chaînes m'empêchent d'avancer mais ne m'empêchent pas de libérer des paroles

Pour Jean Claude Allard, le dessin comme l'art faisait comprendre les choses, pour moi c'est l'écriture

Un de ces messages les plus percutants "Au fond le travail du dessin rejoint celui des photographes "

Mon message à moi " Au fond le travail du chanteur rejoint celui des écrivains"

 

Je me rappelle d'un sourire qui m'émerveillait

Le sourire d'un homme et d'un peuple qui s'épanouissaient

Ce sourire faisait planer le doute sur une déficience ou un manque qui les dérangeaient

Un regard méfiant mais sûrement plus affectif, l'union fait la force, nos différences la consolide

Voilà pourquoi, l'amour des deux traditions à construit en moi et à "nous" un mental aussi féroce

Aussi féroce qu'un lion en cage, aussi féroce qu'un blaireau en rage

Me rappelant ainsi l'une de mes passions qu'est le sport ; la rage de vaincre, l'esprit compétitif, le collectif au détriment de l'individualité

 

Le "désert", couleur jaune oranger au merveilleux parfum de jasmin me rappelle mon enfance

Une jeunesse qui ne m'a jamais quitté, un paysage méditerranéen semblable même au dessin animé

À coup de dromadaire, je chevauchais cette dune inanimé, délaissé par une société épurée

J'adorais cette ambiance chaleureuse autour d'un bon thé relaxant

 

Des temples, des lieux culturels, des monuments sacrés attisaient la convoitise des plus démunis

Ces architectures sillonnaient la ville d'une beauté indescriptible

Ces architectures laissaient place à une technique inédite

Une technique digne d'un dessinateur immobile

La plume avec lequel dessine l'artiste faisait ressortir l'imprécision et le caractère indélébile...

2024.09.12 jeu.

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Carnet De Voyageuse Immobile par Agnès

 

D’Oyonnax à Oradour en passant par Trinidad,

D’Oradour à Naplouse en passant par Belleydoux.

 

Il a grimpé la colline, pour crayonner la plaine à ses pieds.

Il s’est appuyé sur le « STOP », pour tracer l’angle de l’immeuble.

Il s’est assis dans l’aubette, pour dupliquer la toiture à sheds.

Il a traversé la rue, pour peindre la porte du palais.

Il a bu le jus de la calebasse, avant de la croquer.

Il a dormi sur les toits de Cordes, pour brosser le ciel.

Fenêtres ouvertes sur les mondes où l’homme, absent, laisse son empreinte, épousant le minéral, soumettant le végétal, humanisant l’animal, domptant le fluvial.

L’homme s’affaire, fuit, le voyageur ne peut le fixer, alors il fixe son œuvre, l’œuvre raconte l’histoire des hommes :

des phares et des gares, des tentes et des palais, des tours et des églises, des toits et des jetées, des barques et des marches, bonne chère et bel objet.

L’homme bâtit, érige, crée, transforme, pour le meilleur au nom de son talent, de son ingéniosité, de son humanité, pour la sérénité des jours et l’entente des peuples, ça je l’ai vu ce jeudi 12 septembre 2024 dans les dessins de Jean-Claude Allard.

 

 

 
Jean-Claude Allard · Cuba 2010 

Et pour le pire, ça je l’ai vu ce 16 juillet 2024 dans les dessins de Marc-André Dubout : passé figé dans la tragédie du massacre des habitants d’Oradour sur Glane par les barbares nazis.

Hier j’ai emmené dans ma mémoire le dessin de Jean-Claude Allard :  Trinidad-Cuba 26-12-10 : un village aux maisons colorées et sa rue bordée de poteaux dégoulinant de fils électriques, il est venu rejoindre dans mes souvenirs celui de Marc-André Dubout : Oradour sur Glane 10-06-44 : les mêmes poteaux de bois un peu penchés, les mêmes enchevêtrements de fils mais des maisons en squelettes noircis au lance flamme.

Cette nuit-là, un aquarelliste amateur s’est glissé dans mes rêves, mêlant par excès d’eau les deux dessins :

 

 Marc-André DUBOUT ·Oradour
depuis "Salut l'artiste" dans
© Marc André Dubout (https://marc-andre-dubout.org)

 

Dans le premier, le voyageur a gravi la dune, il a posé son sac sur le sable, sorti son crayon et a commencé à griffonner un immense cairn de pierres blanches, le tumulus s’est mis à trembler, dans le mirage de chaleur il est devenu  silhouette enrubannée jetant  au loin son regard  dans l’immensité désertique, deux bus rouges et gris et de minuscules formes humaines écrasées sous de pesants bagages se précipitent  à l’assaut du véhicule : « Il y a ceux qui partent et ce qui reste » dit tristement l’apparition. 

Dans le second je ne peux sortir du village martyr, des sens interdits me confine dans un labyrinthe macabre, à bout de force et de ressource, j’emprunte un passage, au bout, une petite maison de pierres blanches miraculeusement épargnée par la démolition, le vieil Ahmed promène son ombre sous les oliviers centenaires, il leur parle : « Donnez vos meilleurs fruits mes courageux, dépêchez-vous, j’entends le bruit des bottes, bientôt ils reviendront finir le travail. »

 

Jean-Claude Allard · Palestine 2019

2024.09.12 jeu.

M’dame Agnès remercie Jean-Claude Allard et Marc-André Dubout d’avoir donné accord pour l’usage de leurs images comme illustration de son texte, demande faite auprès d’eux  dans le cadre de la propriété intellectuelle.

Pour retrouver les travaux de Jean-Claude Allard sur son site rendez-vous à l’adresse suivante : https://www.allard-net.com/

Pour retrouver les travaux de Marc-André Dubout sur son site rendez-vous à l’adresse suivante : https://marc-andre-dubout.org/