Carnet De Voyageuse Immobile par Pascale

 

Voyage immobile

Je marche, approche une petite maison aux murs bleu foncé, à la façade bleu clair, assise dans l’herbe au bord de l’eau. Au loin, une montagne un peu piquante se teinte des reflets du ciel. À ma droite, une passerelle en bois foule l’eau de ses longues jambes un peu tordues. Je ne l’emprunte pas, choisis de pousser en toute délicatesse la porte de la maison.

J’entre. Sur une table aux lattes azur, un fruit calebasse énorme que je ne connais pas. Sur le dessus, juste une petite ouverture en cœur. Boîte aux lettres de mots d’amour reçus ? Réceptacle de messages tendres jamais envoyés ? Endormir sa curiosité, ne pas regarder, ne pas attraper. Je sors.

J’avance. Un sable doux se glisse dans mes sandales. C’est tiède, agréable. Soudain, ma cheville droite se rebiffe, piquée. Un chardon violet l’a frôlée. Plus loin, la gamme bleu rouge se poursuit avec des fleurs aux pétales pointues : trois bien ouvertes, une un peu, cinq pas encore. Les feuilles les protègent. Les edelweiss mauves ça existe ? Je ne savais pas.    

Et je pense à la petite maison bleue posée sur l’herbe, loin de la ville, loin du village, loin de tout. J’imagine ses désirs : de hauts murs qui abritent toute une palette de couleurs, l’ombre d’un arbre élégant, la proximité d’un escalier aux marches nombreuses qui mènent à l’inconnu. Ses rêves ou mes rêves ? 

2024.09.12 jeu.

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