La tête en fuite
Cet été, depuis le 16 juillet, j’écris chaque jour un haïku. Cinq, sept, cinq syllabes s’échappent de ma tête, enveloppées d’un lieu aimé, d’un instant attrapé. Chaque haïku, je l’écris sur mon téléphone portable puis l’envoie à ma fille qui séjourne à Madrid. Elle me transmet aussi un haïku quotidien. Nos petits poèmes voyagent ainsi d’un pays à l’autre. À quels moments de la journée les mots s’envolent-ils de nos têtes ? Laquelle de nous deux japonise la première ? Cela dépend.
Dans un cahier, je recopie chacun de ces petits flashs d’écriture : le mien, le sien à côté, le sien, le mien à côté.... J’ajoute quelques dessins. Le contact avec le papier, une nouvelle lecture m’emportent loin, très loin : souvenirs, émotions, sensations... Et si je confiais à cette page quelques-uns de mes poèmes...
Fleurs gouttes de pluie La voiture s’arrête
Je descends la Grand Rue, seule L’écureuil traverse, plus loin
Un pain dans mon sac Un passage piéton
Jour d’anniversaire J’ai marché à Nantes
Elle commande une glace hésite Le cours Saint-Pierre le château
Framboise ou citron ? Il ne pleuvait pas
Sur le parking vide Collé à la vitre
Une pie sautille vit sa vie Un ciel noir percé d’étoiles
Plumes ébouriffées Le sommeil m’oublie
Coucher de soleil Il gratte sa guitare
Sur la plage à marée basse Elle chante ou frotte son violon
La lune, fin croissant Il sourit elle danse
Marche sur le sable Après la baignade
Joue avec les vagues enfin Ramasser des coquillages
Saint-Michel-en- Grève Retour à l’enfance
24 août : date de nos derniers haïkus. Ma fille est de retour. Je lui offre le cahier. Délicatement elle tourne les pages, s’attarde. Elle sourit, émue. Madrid lui manque. Dès que possible, elle repartira. Renouvellerons-nous l’aventure ?
2024 août
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