Carnet De Voyageur Immobile par Thierry

 

Carnet de voyage immobile

Maisons hautes, basses, isolées au milieu d'étendues de rien, bâties avec rigueur et géométrie, voir dévotion ou empilées pêle-mêle, brinquebalantes. Maisons blanches ou colorées, en bois, en pierre ou assemblage hétéroclite, aux toits plats, arrondis, pentus, aux fenêtres grandes ou discrètes.

Elles sont monument, habitation, atelier, lieu de passage, marché ou temple. Sans personnage autour, elles renvoient pourtant de la vie : celle calme et parfois monotone, d'étendues plus ou moins désertiques ou celle foisonnante et chamarrée du brouhaha de la foule. Elles inspirent le mouvement, langoureux ou laborieux, impalpable ou infatigable, qui les anime et les entoure. Elles suggèrent des effluves épicés parfumant certaines, un souffle de vent facétieux qui passe les caresser, le soleil brulant qui inondent d'autres et tous les mystères, que l'on peut s'inventer, terrés derrière leurs murs. Elles révèlent des modes de vie différents, des climats plus ou moins rudes et devant chacune d'elles, on peut s'attendre à voir apparaître leurs habitants, imaginer leurs tenues, leurs occupations, leurs regards, entendre des conversations dans des langues incompréhensibles, aux tonalités chantantes ou subtiles. Celle-ci, avec sa porte monumentale, suppose le silence et le recueillement, celle-là, sa terrasse noyée de verdure, la nonchalance et la rêverie, d'autres l'agitation bruyante du quotidien ou encore un refuge nocturne. Leur architecture sous-entend leur latitude et l'âpreté de la vie de leurs occupants. Un quotidien, souvent loin du nôtre, qui les traverse au fil du temps et des époques.

 

On peut passer devant ces dessins, les contempler et imaginer une scène, une activité ou son absence, puis revenir et voir qu'ils nous offrent de nouvelles impressions, un nouveau décor de vie, toujours dans un voyage... immobile.

2024.09.12 jeu.

.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

vous vous nous nous