Il y a... par Hug

 
Il y a la forêt tout autour,

Fraîche en après-midi lourd

Et ses feuilles qui murmurent.

 

Il y a le merle et les autres,

Qui sifflotent et fredonnent

Dans l’ombre du feuillage

 

Il y a le sentier secret

Qui file d’un arbre l’autre

Jusqu’à la pyramide de branches

À peine visible, un peu cachée,

Trouver l’entrée relève de l’initié.

Pas de code, ni d’abraca déclamé,

Sa force est là, seuls savent les invités.

 

Il y a, une fois dans la hutte,

Une immunité ouvrant à l’aventure.

De l’autre côté du miroir de branches tressées,

Le chuchotement est de rigueur,

Être découvert : la grande peur.

 

Il y a dans le lieu de quoi…

De quoi se nourrir le temps d’un après-midi,

De quoi boire et dormir sur douces aiguilles

En tapis de fakir d’opérette.

 

Il y a caché dans la boite en fer

De biscuits ronds les mystères,

Les trésors du sanctuaire :

Petits pétards inoffensifs,

Suédoises en cartons.


Il y a dans le fond, caché

Sous une mousse séchée,

De quoi tousser de grands moments.

 

Il y a de ce bois dit fumant

Qui surtout enfume celui qui le consume.

Longues minutes les yeux rougis

À tenter de retrouver un souffle asphyxié.

 

Il y a sous le toit perforé

Des heures d’ennui distillées,

À écouter le temps qui trébuche,

Le sifflet des nains d’jardin sur leur bûche.

 

Il y a la certitude toute fragile

Que vieillir c’est pas possible,

Que dev’nir grand c’est pas pour les p’tits.

 

Il y a les années d’après,

Des souvenirs, des regrets par pincées,

La découverte sur le chemin pas oublié

Des restes en friche d’une enfance passée

 

Il y a tout autour dans cette forêt

Des vides d’arbres malades arrachés,

Des trous béants dans les futaies

Comme les béances de ma mémoire.

 

Il y a des bestioles ravageuses

Perforant les souvenirs

Comme la vie des forêts qui les ont vus naître.


2025.06.19 jeu.
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