Faut voir d'où je viens aussi. D'ailleurs beaucoup d'monde se demande d'où je viens... Même vous, j'le vois bien. Ah nan nan nan, moi c'est pas d'la fanfare de quartier, du tintamarre de bamboche, d'la romance de garnison. Nan nan nan, c'est la grande musique, la vraie de vraie unique. Depuis l'antiquité. Celle qui berce autant qu'elle déferle dans ses cabrioles de mélodie, ses fontaines de notes, ses trilles d'émotion. Un foisonnement... Tellement, tellement, qu'on se demande comment ça peut sortir entier d'une seule tête. Bon je dois humblement avouer que moi, j'suis tombé dedans plus par nécessité pratique, que par envolée bucolique, contrepoint enflammé ou raffinement harmonique.
Au temps bien bien jadis, c'est une enclume qui tinta la première. Mais bon, évaporé virtuose des vibratos et gonflettomane accro d'épaulé-jeté, reconnaissez que ça colle pas top. Pourtant qu'elle était mélodieuse et athlétique, ma douce enclume. Ah ça devant elle, y'a quelques contrebasses et tubas qu'auraient voulu moins frimer. Quelle ligne, quel timbre... Une fonte cristalline, des bigornes aguichantes, une résonance à faire bégayer un marteau, les fers à chevaux s'en arrachaient les clous. Oh ma Cluclume, ma Fontinette, ma Tintinouille, comme la vie sonnaillait aussi légère que fortississimo avec toi. Enfin, j'étais bien le seul à me languir de toi.
Figurez-vous toutes ces têtes bouillonnantes, exaltées, embrasées de musique, tourmentées d'instruments, de malices rythmiques, qu'on se demande comment autant d'opus pouvaient s'y fourrer dedans ? Pour sûr, elles se languissaient pas pour une enclume. Ça enchaînait trop dur du taattatadan tzing wizzzz... et pis plus tard, quand le compositeur relisait et corrigeait ses œuvres, il avait quand même besoin de retailler sa plume, envie de faire pipi, caler l'pied du piano, faire un tiercé. Et du coup, selon l'humeur et le tempo, ding ! ou...ding ding ! voir... ding ding ding ! À chaque fois, c'est bibi qu'y s'ramassait les coups de baguette et hop, aussi sec, coché sur la partition. Ding, ça tombait là, juste pour retrouver facilement l'endroit où il en était le maestro... quand il rentrait de son tiercé. "Alors, alors, le dernier ding... Ah c'est là !"
Mais attention ! Pas du vulgaire ding, pas de l'isocèle quelconque, du rectangle bancal, de la ferraille tordue. Nonnnn ! DING ! De l'équilatéral cristallin, du laiton de biberon. Un triangle d'exception, pour donner un peu de fantaisie et de brillant à ce fatras instrumental. J'ai beau faire basse besogne, faut tout de même être raccord avec l'œuvre, sublimer. Déjà qu'on a pas eu le hamac au symphonique. Tiens d'ailleurs au passage ? Dans un orchestre symphonique... sympho nique...Mais avec qui ? Et que font les autres ? C'est pas pour dire du mal, mais y'a des rumeurs... des variations.
Mais bon revenons-en à moi. Perso, j'ai connu un compositeur agacé de la prostate. Eh ben c'est pas pour me vanter, mais quelle mordant, quelle tonicité, quelle joie j'ai ajouté à son œuvre. Autant le dire, ça a été un triomphe complètement DING !
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