De L'Influence De L'Odeur Du Pain… par Hug

 

C’est le matin, comme tous les matins. J’ai la chance de loger tout à côté du boulanger du quartier. Et les matins, tous les matins, car besogneux autant que généreux, le compagnon de la Pomponette boulange. Tous les matins que calendrier des Postes fait.

Tous les matins je suis réveillé par ce qui est, à mon nez, le parfum du paradis, le sent’ de la croûte. Alors il revient à mes narines le souvenir familier des mois dans le sein maternel passés. Car, oui, et c’est ma mère qui me l’a répété, souvent, très, durant sa grossesse, enfin… la mienne, enfin celle que l’on a partagée, tu m’as compris, on a fait à deux un bout de chemin singulier, donc, durant tous ces mois, Maman s’installait en fin de nuit au balcon et son balcon, comme le mien d’à présent, donnait à sentir le fournil à l’œuvre.

Comment ne pas succomber à ces effluves affolants, à l’attente de la tentation sans attenter à sa santé hépatique. Je n’ai pas trouvé le remède, bon ! pas certain d’avoir beaucoup cherché. J’ai décidé d’embrasser le baiser du boulanger pour le saluer puis d’embrasser le mal par le mal, ainsi chaque matin, tous les matins, je descends les marches vers le paradis, l’ami-amant de la Pomponette, me tend une baguette encore crépitante dans laquelle deux croissants étincelants font garniture.

À ma cuisine retourné, je m’italienne un colombie grande taille, m’installe au balcon ; je salue Maman et fais mouillette. De bouchées en bouchées je sens mon palais pleurer de bonheur, ma langue perdre son latin, mes dents se déchausser pour bien faire silence.

Parfois, lorsque le spleen de toi Maman est trop fort je vais à nouveau embrasser le boulanger sur son baiser ; il sait l’amant’ami de la Pomponette, il va au panier, attrape une baguette, l’ouvre en sandwich, installe avec délicatesse deux croissants souriants, si mes yeux brillent et mon nez renifle il ajoute de la gelée de framboise. Et je remonte à mon balcon te retrouver.

2024.11.14 jeu.

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