Entrainer Par Trenet par Hug

 
Ce matin-là, entrant dans le grand café

je n’imaginais pas ma vie être bouleversée.

Je m’installe au zinc, commande une noix

le garçon l’exécute et me sert sans voix,

dansant en silence la polka du roi.

Qu’est-ce donc a-t-il pour tant d’émoi ?

 

Il me tend un plateau Voici le peigne, le miroir,

ajoute en sourire Vous en avez besoin, plein d’espoir.

Il parle sincère, sensible, un peu fleur bleue

dois-je lui dire le peu possible pour nous deux ?

 

Je lui raconte alors que j’étais en avril à Paris

pour de l’art en visiter les galeries,

et honorer une invite au bal de la nuit

où l’on s’active sur piste comme en réduits.

 

À l’alcôve je me retrouve entre le soleil et la lune

dans l’ombre je ne sais qui est l’un qui est l’une,

grande est l’envie de soupirer la romance de Paris,

le moment est bien malvenu de faire tapisserie.

 

Dans la pénombre je devine le jardin extraordinaire,

cet éden originel, auréolé de vie et de mystères.

L’instant suivant je surprends, le petit oiseau

supposé plus haut, frétiller au-bas de mon dos.

 

D’habitude, bon public, un rien me fait chanter,

cette fois de surprise ma voix s’est absentée,

le silence s’installe à la porte du garage,

l’oiseau s’envole emportant ses bagages.

 
Ainsi je reste, sur mes genoux, face à douce France ;

la fougue est tombée, je lui tire ma révérence.

Viennent les regrets, où es-tu toi qui passais ?

je veux te revoir, te parler, et plus si affinités.

 
 
Ma passion est costumière, moi j’aime le music-hall

là où se jouent des numéros monumentaules

on y voit des garçons travestis en Zéphyr

et des dames faux-cils effeuillant leurs saphirs.

 

En ces maisons fantasques y’a de la joie

on rit, on s’aime, on s’embrase parfois.

Au p’tit matin, retrouvailles au coin de rue

Bistrot, croissants, cafés noirs grand cru.

 

Les yeux s’interrogent Que reste-t-il de nos amours ?

Du bonheur, des senteurs, des jamais, des toujours…

Et les cœurs, les vrais, où sont-ils donc ?

perdus à jamais dans la foule des quelconques.

 

Mon âme a des vagues, elle me semble la mer

qu’il me faut pour y noyer ma peine douce-amère.

Elle et moi larmes à la main, nous on rêvait

de libérer la plage de dessous les pavés.

 

Assis sur le sable, regardant l’horizon, je chante

la complainte du bel-amant qui me hante.

Dans mes souvenirs il y avait des arbres,

leur ombre large accueillait mes palabres,

elles répétaient Vous qui passez sans me voir

je voudrais tant vivre cette belle histoire.

 

2025.03.20 jeu.

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