Je prenais comme d'habitude le bus 27, ligne S, pour me rendre à mon travail. Il y avait un monde, mais un monde, forcément c'était heure d'affluence, le véhicule était bondé, nous étions tous serrés comme des sardines.
Soudain, je remarquais parmi la foule, un type assez jeune, dans les 26 ans environ, avec sur la tête, un drôle de couvre-chef, un peu aplati, où il avait remplacé le ruban manquant par un vulgaire cordon. Mais ce qui frappait surtout chez lui, quand on le regardait, c'était la longueur démesurée de son cou, un peu comme celui des femmes girafes dans je ne sais plus quel pays, vous voyez ?
— Oui, en effet, difficile de ne pas remarquer ce genre d'olibrius.
— Mais attendez la suite. Nous arrivons à un arrêt. Plusieurs passagers descendent, se frayant difficilement un chemin entre les occupants agglutinés, heurtant parfois accidentellement l'un ou l'autre. Et bien figurez-vous, que mon zigotto, tout à coup commence à s'énerver, il prend à partie l'un de ses voisins, l'accusant de le bousculer exprès, à tout moment. Et bien que sa voix soit plutôt geignarde, il essaye d'impressionner son vis-à vis en haussant le ton pour paraitre plus méchant.
C'est alors qu'il aperçoit une place libre. Brusquement, abandonnant la dispute en cours il se jette dessus et s'assoit, au grand étonnement de l'autre type.
— Oui vraiment bizarre comme comportement. On rencontre parfois de ces illuminés en liberté.
— Vous l'avez dit, il devait sûrement avoir une case en moins. Faut dire que, vu son aspect physique, il y a de quoi être complexé. Je restai encore là, un moment, à l'observer jusqu’à la station suivante où je suis descendue à mon tour pour me rendre à mon bureau.
— Et il n'a plus fait d'esclandre pendant ce temps ?
— Non il est resté bien sagement à sa place et je pensais ne plus jamais le revoir.
— Ah ! Parce que vous l'avez revu.
— Oui, environ deux heures plus tard, comme je devais prendre le train gare Saint Lazare pour aller à un rendez-vous d'affaire, qui est-ce que je rencontre cour de Rome, mon olibrius en grande conversation avec un camarade. Comme je passais tout près d'eux j'ai pu entendre une partie des propos échangés.
Son ami lui intimait vivement, avec force gestes, de rajouter un bouton à l'échancrure de son pardessus, ce qui cacherait en partie son cou atypique et qu'il lui serait ainsi plus facile de s'intégrer parmi la foule en ne se faisant plus autant remarquer.
— Judicieux conseil en effet, souhaitons qu'il le suive, pour son bien et pour celui des autres.
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