Marius
Midi, à l’heure de pointe dans la ligne S d’autobus, Marius, vingt-six ans, après avoir galéré à l’usine depuis quatre heures du matin, fait une tête de six pieds de long. Son cou déjà hors norme, sa tête affublée d’un chapeau mou, fatigué comme son propriétaire, ne l’avantagent pas. Son voisin, prit dans le flot des voyageurs, lui écrase le pied. « Hé ! Pouvez pas faire attention ? » « Si t’es pas content, prends un taxi ! » réplique l’écraseur. A l’affût d’une place libre, Marius se précipite dès qu’un siège se libère. Bien calé, il essaie de se reposer après toutes ces heures passées debout au travail. Il regarde l’autre type avec animosité. Ah oui, celui-là, avec son costume élégant, il doit être bien planqué dans un bureau. Il a envie de se lever et de lui donner une bonne correction. Heureusement ce dernier descend à l’arrêt suivant. Et puis Marius n’a pas envie de perdre sa place car son voyage est encore long. Il doit rejoindre un camarade devant la gare Saint Lazare. Celui-là lui a promis d’essayer de le faire engager dans les chemins de fer, là où il travaille. Deux heures après, ils sont ensemble Cour de Rome.
— Salut Marius.
— Salut Jean.
— Tu n’as pas l’air dans ton assiette.
— Oh non ! Ces trajets interminables, ce salaire de misère, je n’en peux plus.
— Mon patron accepte de te rencontrer demain après-midi pour une éventuelle embauche. Au moins tu serais proche de ton domicile et tu aurais la sécurité de l’emploi. Mais permets-moi un conseil : rajoute un bouton à l’encolure de ton pardessus et évite ce chapeau informe. Essaie d’être à ton avantage pour faire bonne impression.
— Merci pour tout Jean, je vais suivre tes conseils. Je te retrouve demain après mon entretien.
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