La Nuit Était Sourde,... par Clarisse

 
Amour Parisien

La nuit était sourde, les rues menaient au café, le pavé renaissait dans les aubes de zinc.

- Attends-moi ! criais-je à mon amie, qui toute excitée par notre sortie en ville, avançait sans se retourner.

On en avait rêvé, Paris ville de l’amour, du renouveau, on en avait rêvé ensemble.

Elle portait sa robe rouge et ses talons claquaient les pavés, cheveux attachés et visage embellit par le fin maquillage qu’elle avait mis plus d’une heure à faire. A côté, je faisais tache : jean et t-shirt, cheveux en pagailles et mine boudeuse, à vrai dire je ne voulais pas être ici. Les sorties au bar ? Non merci.


Elle poussa la porte du bistrot, les regards se tournèrent automatiquement. Je me sentais oppressée, elle était ravissante, elle en avait rêvé.

On était déjà venues il y a quelques soir de cela, toujours de force, et depuis elle n’arrêtait pas de me parler de ce serveur blond aux tatouages qui racontaient un film. Je sentais déjà leur regard se mêler tandis que je prenais place près de la fenêtre, elle, éblouissante, souriait naïvement au jeune homme qui lui servait comme de par hasard sa boisson préférée. Moi, pathétique, fixant les voitures qui défilaient.

 

L’odeur du whisky me montait vite au nez et les cigarettes du couple derrière moi me faisaient de plus en plus regretter de ne pas avoir feinté une gastro. L’ennui commençait à me remplir, j’essayais de capter l’attention de mon amie, mais, son attention était dans les yeux bleus de son beau chevalier blond.

 

Je soupirai, me levant, tête baissée, trop peut-être, je ne l’avais pas vu.

- Désolé(e) ! Nos voix se mélangeant à l’ambiance générale.

Nos regards se croisèrent, ses yeux bleus me fixèrent, timide, pathétiquement mignon, il était grand, brun, lunettes de travers et rougeurs aux joues, probablement journaliste.

Un sourire prenait enfin place sur mon visage, Paris, la ville de l’amour et du renouveau, j’en avais rêvé.

2025.09.18 jeu.

« La nuit était sourde, les rues menaient au café, le pavé renaissait dans les aubes de zinc… »
[Phrase attrapée dans La Bonne Peinture, nouvelle contenue dans le recueil Le vin de Paris (page 243, Éditions Gallimard coll. folio.]
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