La salle est pleine, la coach annonce le début du cours. Plus un bruit, les yeux et les oreilles sont en plein travail, sourires aux lèvres et pieds qui trépignent, l’heure est venue de se déhancher.
Cependant, au premier rang, je ne bouge pas. Aussi raide qu’un piquet et aussi souple qu’un roseau, on pourrait presque me confondre avec une statue. « Pourquoi je suis là ? » Cette seule phrase tourne en boucle dans mon pauvre petit esprit brouillé par la honte. La musique démarre, « Mince, j’ai rien écouté… Comme toujours. » Toute la salle se met à bouger mais mes yeux se posent sur la silhouette à mes côtés. Elle connaît les pas, elle vit la musique, elle a attendu ce cours toute la semaine. Malgré ses heures éprouvantes au travail elle déborde d’énergie. Ses pas suivent inconsciemment la musique latine qui sort des enceintes, haut coloré, cheveux attachés avec une simple pince, voilà plus de 20 ans que ma magnifique maman vient s’amuser tous les mardis soir. Et moi me diriez-vous ? C’est ma troisième année où je viens me ridiculiser devant tout le monde.
Elle est belle ma maman, elle danse comme une reine ma maman, elle déborde toujours autant d’énergie et malgré la honte, elle me fait sourire.
Les musiques s’enchaînent et je ne bouge pas de mon carré de 2 mètres par 2 mètres, mambo par-ci, levé de bras par-là et enfin la musique se coupe. Tous vont boire. Je lève les yeux vers l’horloge déjà 30 longues minutes que j’ai l’air de rien. Comme à mon habitude, j’attrape ma gourde et je m’éclipse discrètement vers le couloir. « Hé ! tu vas où là ?! » Maman… « Aux toilettes. » je lui réponds rapidement. Un soupir s’échappe de ses lèvres « T’es chiante ! » Elle repart.
Désolée maman, mais depuis ces années tu sais très bien que j’évite au maximum les cours de zumba.
2025.10.16 jeu.
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