Huit Images Pour Une Histoire... par Christine

Raconter huit photos d'Eugène Smith

   J'ai rencontré Maud Callen en 1951 lors de mon voyage en Caroline du Sud. J'avais entendu parler d'elle et de son activité de sage-femme dans un coin reculé, loin de toute ville ou village.

   Je l'ai rencontrée pour la première fois dans une sorte de petit dispensaire, une construction en bois dans laquelle elle vivait avec son assistante.

  

   Elle y avait installé son bureau. Les piles de dossiers envahissaient les quelques meubles qu'elle avait mis là. Elle avait également installé une pièce réservée aux accouchements avec un lit prêt à recevoir une parturiente.

 

   Par tous les temps elle partait, traversant la forêt, sur des chemins parfois à peine praticables, creusés d'ornières que les pluies transformaient en lacs boueux glissants et dangereux.

   Elle avait acquis une bonne connaissance des lieux mais parfois un homme venait la chercher et l'accompagnait dans une partie très reculée du secteur.

Elle arrivait, parfois après des heures de marche difficile. Dans ces maisons, pas d'électricité.

   Elle emportait son matériel dans une lourde sacoche en cuir; elle trouvait sur place bassines, linges propres, eau chaude, berceau de fortune.

 

   Quand l'accouchement était terminé elle n'avait plus qu'à consoler le père du bébé d'avoir engendré une fille !

2022-12-08 jeudi

Si... par Christine

Si je devais partir, si un jour j'avais envie de les rejoindre, si j'acceptais de laisser tout mon passé ici, si je n'avais plus l'envie de voir les lieux qui m'attirent aux quatre points cardinaux, si les rivages de la Méditerranée n'avaient plus de secrets pour moi, si je n'arrivais plus à grimper sur les montagnes, si je perdais le besoin  de rentrer dans les églises et les châteaux, si je m'étais lassée de découvrir les villes et les villages, si je pouvais larguer les amarres, si en moi le désir s'était rétréci et conformé à une perte des capacités à me mouvoir, à me déplacer, à organiser et prévoir, si je m'étais résignée à n'explorer qu'un espace restreint, rassurant, familier, enclos, prévisible, recroquevillé sur un temps uniforme seulement scandé par le jour et la nuit, troublé par quelques visites inattendues ou programmées, si ma mémoire oubliait  de vouloir retrouver les lieux et les gens, alors peut-être aurais-je envie de commencer une vie au-delà de l'Atlantique, comme un dernier paradis avant la fin.

2022-12-08 jeudi

Huit Images Pour Une Histoire... par Sophie

 "Roman photo"

Je suis allé chercher Maude au village pour aider ma femme à donner naissance à notre enfant. Nous nous dépêchions dans la forêt sombre et humide avant la tombée de la nuit.

Arrivés à la maison, je découvris les gestes précis et ordonnés de l’accoucheuse, qu’elle exécuta comme un rituel sacré dont elle seule connaissait le sens et l’utilité.

Martha attendait que notre enfant se manifeste, recroquevillée sur elle-même pour apaiser la douleur et chercher du réconfort en son propre sein…Moi je ne savais que faire…

Quand le travail commença, je ressentis alors une émotion mêlée de peur et d’inquiétude mais aussi de joie et d’impatience face à cet évènement si unique et pourtant si universel. 

J’étais sous le choc.

Martha était là pour moi aussi, d’un simple geste, elle sut me signifier sa présence et sa compréhension.

Et alors, grâce à son accompagnement bienveillant, Martha donna naissance à notre enfant merveilleux. Puis elle se retira, le sourire aux lèvres, nous laissant savourer ce bonheur en famille.

À la nuit tombée, elle reprit son chemin dans la forêt sombre et humide et j’imagine qu’une fois arrivée chez elle, elle dut faire le bilan de sa journée. Combien d’enfants a-t-elle vu naître aujourd’hui ? Combien de mères a-t-elle soulagées ? Combien de pères a-t-elle rassurés ? Et elle ? Qui la soutient dans sa mission essentielle pour l’humanité ? 

2022-12-08 jeudi

Si... par Sophie

On s’écoutait, on pourrait s’entendre

On partait, on se retrouverait

On se rencontrait, on se reconnaîtrait

On voyageait plus longtemps, on pourrait changer notre regard sur soi, les autres et le monde

On lâchait la peur du vide, on rencontrerait la joie de l’être

On accordait notre confiance plus facilement, des miracles pourraient se produire plus souvent

On voyait la vie comme un terrain de jeu, celle-ci serait plus légère

On partait à l’aventure, on serait content de rentrer chez soi

On a oublié qui on est, l’autre nous tend un miroir

On veut revenir à l’essentiel, il faut s’en donner les moyens

 

2022-12-08 jeudi

Huit Images Pour Une Histoire... par Christian-Louis

Sur des photos de Mr SMITH : Une journée ordinaire de Mme Maude CALLEN.

C'est la belle histoire de Madame Maude CALLEN et de sa jeune assistante Jennie, toutes deux nurses dans cette contrée reculée d'un pays qu'on dit civilisé.

Tôt le matin, après avoir marché longtemps au travers de la forêt, par un chemin boueux, leurs nécessaires bien lourds dans chaque main, elles arrivèrent enfin devant la petite maison où les attendait impatient le futur papa.

Formidablement accueillies, Maude et la jeune Jennie se mirent à préparer tout ce qui sera nécessaire pour effectuer leur travail. (broc d'eau chaude, serviettes, désinfectants...)

Après une heure à attendre et à préparer psychologiquement la maman, la nature a naturellement pris le dessus....

Bientôt un cri jaillit.

Formidable, c'est un joli garçon. Tout s'est bien passé. Madame, vous avez de la chance."

Les premières constatations faites...

Maude prit délicatement le nouveau-né et le posa sur le ventre encore chaud de la maman.

Le père, tout ému, éclata en sanglots saccadés suivis de tremblements dus à son inquiétude de savoir que son petit devra très vite se confronter aux remarques, aux rejets et craintes de quelques humains arriérés refusant les différences.

Alors, Maude, posant une main sur sa tête, lui donna par ses conseils et ses encouragements tout le réconfort salvateur.

Pendant ce temps, la maman n'a rien entendu s'étant endormie éreintée de fatigue.

En l'auscultant sans la réveiller, Maude s'assura de son état.

Jennie, la jeune assistante rassembla le matériel.

Enfin la soirée fut passé à veiller le nourrisson dans son petit berceau d'osier tressé et à rappeler les premiers conseils avant la prochaine visite pour un suivi dès la prochaine semaine.

Il était déjà tard. La nuit commençait à tomber.

Calmé, le père confia à Maude une lanterne fabriquée "maison" mais éclairant suffisamment pour éviter les obstacles du retour à la ville par le chemin traversant la sombre forêt.

Enfin, Jennie et Maude purent chacune regagner leur logis satisfaites du travail accompli.

Cependant Maude retournant à son bureau précariat la journée à venir, relisant le dossier qu'elle s'efforce de maitriser.

Sur son bureau plusieurs demandes s'accumulent.

La nuit trop courte effaça la fatigue

Et le matin suivant on pourra l’apercevoir partant pour une nouvelle vie à donner.

CITONS SON NOM : MADAME MAUDE CALLEN.

BRAVO MADAME.

MERCI MADAME.

 

2022-12-08 jeudi

Si... par Christian-Louis

SI

 C'est inquiétant... Les "SI" sont partout.

SYnonimes de suppositions, vérités non vérifiées, affirmations tronquées ; ces SI sont d'un usage non contrôlé qu'il faudrait pouvoir maitriser.

Si tant de "SI" se joignent à nos mots, c'est qu'ils sont sûrement indISpensables dans les SItuations les plus courantes.

SI l'enfant que je fus n'avait pas grandi au sein d'une famille heureuse, que serais-je devenu aujourd’hui dans ce Sinistre présent ?

SI les noëls de mon enfance n'étaient pas ceux espérés, la jalousie et la colère auraient pu se manifester envers mes frères et sœurs ?

SI les clowns ne faisaient plus rire les enfants... y aurait-il encore des rires sur chaque visage ?

SI nos amis les animaux pouvaient parler... on en serait des choses invraisemblables.

SI d’interrogations en interrogations aucune réponse n’apporte une solution, que puis-je penser de telles questions ?

SI mes yeux ne jouaient plus à se brouiller, en serais-je plus heureux de prendre des cours d'écriture en braille pour mon futur ?

Et SI un seul vœu devait m'habiter en cette fin d'année, je souhaite qu’un bleu et un jaune forment en drapeau une fleur symbolique de paix dans le grand champ aujourd’hui abimé par une folie meurtrière ?

SI rien ne revient à ma mémoire, aurais-je le courage de bécher et de retourner mon passé ?

Plus légèrement, SI le SI prend le son du do, combien de musiciens seraient désemparés ?

Et SI la scie se met à scier un bel if, j'en ramasserai au moins SIx tronçons pour en faire une cabane de simples rondins iCI ou là ?

Mais SI tout semble faCIle pour un Sybarite au sommet de son piédestal, n'a-t-il pas une Situation fausse dans la soCIété ? Et SI ce SI n'était qu'illusion... ?

Mais alors SI cet if scié est le SI anglais, nos échanges deviendraient plus constructifs ?

"IF THE FRENCH SI IS ÉGUAL OF THE ENGLISH SI" ? (Pourrait-on dire.)

SI dans nos grandes villes les Cités dortoirs disparaîtraient où se logeraient tous les pauvres, les émigrés et les exclus... ?

Faudra-t-il prendre des CIseaux géants pour redécouper nos sols. (p.o.s.) ?

Faire un SIgne à monsieur le responsable pour que les Sirènes des toits l'alertent de tout revoir ? SInon, gare à lui...

CeCI devrait être une déCIsioin SINE QUA NON.

Paris serait-elle en bouteille SI ceCI viendrait rapidement sans les Simagrées de quelques déCIdeurs ?

Le if de l’américain et de l'anglais, le SI de l'italien ou d l'espagnol, n'est bien que le SI du français, alors pourquoi ces différentes réactions entre nous ?...... Si....oui.

Mais SI Dieu nous entend....  pourquoi n'a-t-il que le SIlence pour tout ceCI ... ???

AH ! SI je pouvais changer ce SI d'adverbe ou de coordination en une véritable SYnergie..............

SI JE POUVAIS... CE SERAIT BATH.

2022-12-08 jeudi