Si je devais partir, si un jour j'avais envie de les rejoindre, si j'acceptais de laisser tout mon passé ici, si je n'avais plus l'envie de voir les lieux qui m'attirent aux quatre points cardinaux, si les rivages de la Méditerranée n'avaient plus de secrets pour moi, si je n'arrivais plus à grimper sur les montagnes, si je perdais le besoin de rentrer dans les églises et les châteaux, si je m'étais lassée de découvrir les villes et les villages, si je pouvais larguer les amarres, si en moi le désir s'était rétréci et conformé à une perte des capacités à me mouvoir, à me déplacer, à organiser et prévoir, si je m'étais résignée à n'explorer qu'un espace restreint, rassurant, familier, enclos, prévisible, recroquevillé sur un temps uniforme seulement scandé par le jour et la nuit, troublé par quelques visites inattendues ou programmées, si ma mémoire oubliait de vouloir retrouver les lieux et les gens, alors peut-être aurais-je envie de commencer une vie au-delà de l'Atlantique, comme un dernier paradis avant la fin.
2022-12-08 jeudi
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