À La Fin Du Jour, Il Avait Commencé À Pleuvoir par Monique

À la fin du jour, il avait commencé à pleuvoir. La tête appuyée contre la vitre, je restais là, immobile, tout en regardant, sans les voir, les quelques passants attardés qui déambulaient sur le trottoir d'en face. Engourdie dans ma torpeur, les minutes s'écoulent lentement et me semble des heures.

Je sursaute au bruit de la porte d'entrée qui s'ouvre brusquement. Le voilà ! J'entends le bruit familier de son pas dans le vestibule. Sa haute silhouette au maintien élégant reste un instant figée sur le seuil du salon, puis il s'avance dans la pièce, l'air un peu gêné.

Je me sens terriblement mal à l'aise. Un frisson glacé me parcourt l'échine. Le moment tant redouté est arrivé. Cela faisait des mois que je sentais un certain relâchement dans notre relation. Les rendez-vous qui s'espaçaient, une certaine froideur, sa mine parfois contrarié. Je mettais tout ceci sur le compte d'un surcroit de travail, d'un certain surmenage qui finirait bien un jour par passer. Je n'avais alors aucune inquiétude et j'étais sûre qu'avec un peu de patience je le retrouverais à nouveau gai et insouciant comme à son habitude.

Mais le temps passant, il fallut bien me rendre à l'évidence que quelque chose ne marchait plus entre nous. C'était inutile de continuer à se voiler la face. Et voilà !

    Sur le beau projet de vie commune pour le meilleur et pour le pire. Fin ! Rideau !

Je le vois qui hésite encore. Les minutes s'écoulent d’une manière irréelle. Puis il trouve enfin le courage de parler :

- Je pense que toi aussi tu seras d'accord avec moi. Nous avons vécu de bons moments ensemble. Mais nous ne sommes pas faits l'un pour l'autre. Nos situations sociales, nos caractères sont trop éloignés, trop différents pour qu'une union durable soit possible. Nous nous sommes aimés soit, cela a été merveilleux ! Mais maintenant nos routes se séparent et c'est mieux ainsi !

En disant ces derniers mots il se retourne et commence à s'en aller sans un dernier regard.

Je reste sur place comme pétrifiée, dans un état second. C'est comme si un souffle immense avait balayé ma vie. Je retrouve enfin un peu de lucidité. Et avant qu'il n'ait passé la porte, je répondis quelque gentillesse sur un ton badin, mais d'une voix si faible qu'il n'entendit pas.

2023.10.19 jeudi

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