Le lit
est chaud et l’orphelinat tranquille. L’odeur légère et humide s’échappe de mes
draps.
Comme un réconfort ouaté que l’Emile ne me prendra pas.
Il ne veut lire des histoires qu’à sa sœur. Et j’en suis privée. Je libère mes
fluides nocturnes.
Une façon de marquer mon territoire ? De m’en créer un à moi ?
L’odeur du placard à chaussures qui à la fois me réjouit l’âme pour la balade
et m’angoisse de ne pas retrouver mes chaussures ou que mon casier soit pris.
Cette odeur de propreté suisse mêlée au produit de nettoyage blanc, crémeux
comme la colle à l’amande amère.
Les lampions n’ont pas d’odeur, mais les feux pour allumer si. Défilé dans la
montagne de sapins aux relents résineux boisés.
Dans la journée on fait le détour par le château d’eau, forteresse érigée,
objet de nos fantasmes : nous n’avons jamais visité, et c’est à qui
inventera l’histoire la plus étrange.
Sur le chemin, on longe des champs de blé et on picore les grains tendres dont
il s’exhale une odeur douce, à la fois fade et sucrée.
Il y a aussi les chocolats chauds du goûter, leur incomparable odeur corsée.
Tous ces bonheurs pour oublier l’odeur de renfermé du plaid enfumé de la
voiture de mon père.
Je m’y suis pourtant accrochée, mais rien à faire. A l’orphelinat ma fille, tu
iras ! Avec tes frères ! On reviendra vous chercher.
2022.09.08 jeudi
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vous vous nous nous