Du Brun, Rien Que Du Brun ! ? Et Quoi D’Autre ? par Pascale

 

Du Brun Rien Que Du Brun

 

Un ours brun un cheval brun deux caniches bruns

Un dompteur svelte brun costume brun cerceau brun

Et les applaudissements des p’tits bruns des grands bruns

Sous un chapiteau brun, brun marron marron brun

 

Et les trois lions bruns ! Le premier rugit brun

Le second saute en brun et le troisième lion brun

Tourne le dos brun et s’en va brun posément brun

Derrière le rideau brun, brun marron marron brun

 

Faux brun ! Ton brun fait tache ! Brun volté ! Volté brun !

Hurlent d’un seul brun les spectateurs : grands bruns p’tits bruns

Ça sent l’roussi pour le dompteur brun roux roux brun

 

Seul sous un chapiteau un pauvre homme broie du brun

Tout seul sur un chemin un lion marche loin du brun

Il sourit à la lune et voit la vie en rose

2023.11.16 jeudi 

À Ce Matin b. Une Suite… par Pascale

J’ouvre ma porte brune. Charlie est là, tremblant.

« Tu es au courant ? Tu es venu hier pour la belote ? »

J’agite mes boucles brunes en hochant la tête. Charlie entre, referme la porte.

Une fois installés dans le canapé, mon ami, agrippé à mon bras raconte...

Pendant que le milicien défonçait ma porte, j’ai eu le réflexe d’enfiler mon blouson brun et de planquer, dans la poche intérieure droite, la petite boîte de marrons glacés achetée la veille pour ton anniversaire.

« T’as eu un chien noir. Avant c’est maint’nant ! » Voilà ce que scandait la sale brute à chaque coup de matraque, dans l’escalier puis sur la route, pour me faire avancer.

Mon chien brun nous a suivis un peu avant le brusque demi-tour que mon regard lui imposait. Il ne m’a pas vu rejoindre la marche des personnes arrêtées par la milice. Arrivés à leur énorme fourgon brun, ces cinglés de miliciens y ont entassé leur butin humain en hurlant et en frappant. Sauf que pour les derniers de la file : moi et trois autres gars, plus de place. La sale brute a reçu l’ordre de nous conduire à pied au centre de détention. Il a pas apprécié l’abruti : « Pourquoi moi et pas un autre ? » qu’il disait. « Non négociable ! » a gueulé son chef brun avant de prendre le volant.

Alors on a marché. Une sale brute cognant, menaçant avec son flingue quatre pauvres mecs tout en les harcelant de questions : « Tu connais quelqu’un qui a eu un chat pas brun ? Et toi ? Et toi ? Un cochon d’Inde pas brun ? Un canari ? Un poisson rouge ? Réponds ! Réponds ! ». On se regardait tous les quatre pour se soutenir. J’ai failli craquer : tu vois ce que je veux dire ?

Soudain, une idée m’est venue : ne pas se laisser manipuler par cet abruti en mal d’avancement, le faire taire à tout prix. Alors, je lui ai tendu la boîte de marrons glacés cachée dans la poche de mon blouson. Là, on a halluciné ! Il a lâché sa matraque, s’est assis sur le bord de la route, a ouvert la boîte avec application. Ses gros doigts ont attrapé un marron avec délicatesse, ses yeux ronds ont contemplé le brun sucré. Il a dégusté, puis a attrapé un second marron avec la même application. La sale brute nous avait oubliés : un gamin gourmand l’avait remplacé. Nous quatre, nos regards se sont rejoints. Sortis de notre stupeur, on s’est éclipsés dans le bois, sans bruit. Plus tard, je te raconterai nos embûches et comment on s’est procuré de l’eau et de la nourriture. L’essentiel, c’est que le lendemain, on a trouvé une super planque. On a déposé nos corps endoloris, on a dormi un peu et surtout on a échangé. Je leur ai parlé de toi. Fuir : la seule solution. L’un des gars, un géographe expert, a choisi la destination : le Cap Vert ! Il essaie d’organiser au mieux l’itinéraire. Pars avec nous : ils sont d’accord. Ils nous attendent.

Mon ami a lâché mon bras. Je range dans mon sac à dos les quelques aliments qui traînent dans le placard et le frigo. J’enfile mon blouson brun : je garde, comme Charlie, mon portefeuille et mon porte-monnaie dans la poche intérieure gauche. J’ouvre la fenêtre, mon chat brun file sur les toits. Le jour se lève.

La porte brune fermée, nous descendons les marches, sans bruit. La route sera longue. Demain c’est mon anniversaire. 

2023.14.12 jeudi 


      

Du Brun, Rien Que Du Brun ! ? Et Quoi D’Autre ? par Monique

Un ours brun,

Une ourse brune

Et leurs 4 oursons bruns

Regagnaient à la brune,

La ville de Roquebrune.

 

Et que virent-ils ?

 

Un cheval brun,

Une jument brune,

Un bœuf brun,

Quelques vaches brunes

Qui revenaient de la foire de Bellebrune.

 

Et une souris verte qui courait dans l'herbe !!!


Puis un homme brun,

Une femme brune

Qui virevoltaient sous le ciel brun

Sur l'air de la valse brune

On se serait cru à Schönbrunn.

 

Et la souris verte qui courait toujours dans l'herbe !!!

 

Et enfin un chat brun,

Une chatte brune.

Sous un arbre brun,

Aux multiples feuilles brunes.

Il a bondi, pour faire un cadeau à sa brune.

 

Et la sourit verte ne courra plus jamais dans l'herbe !!!

Le chat brun l'a attrapée, la chatte brune l'a mangée !!!

2023.14.12 jeudi

À Ce Matin b. Une Suite… par Monique

Je m'approche en tremblant de la porte. Je tends la main vers la poignée, puis suspends mon geste. Je reste là l'estomac noué, figé, immobile. On frappe à nouveau.

-        " Monsieur Pavloff ! Ne craignez rien, je suis votre voisine ! Ouvrez-moi s'il vous plait ! Vite ! "

J'entrebâille prudemment la porte. Oui c'est bien la petite dame qui loge en face de chez moi. Je la laisse entrer.

-        " Écoutez-moi le temps presse ! Je viens vous avertir que les bruns vont venir vous arrêter ! J'ai un parent qui travaille dans la milice nationale et qui a vu votre nom dans la prochaine liste des personnes à interpeller. Il faut vous enfuir avant qu'il ne soit trop tard. Ne prenez aucun bagage pour ne pas attirer l'attention, ni votre voiture, ils connaissent son numéro d'immatriculation ".

Je saisi prestement un manteau brun et je l'enfile, par les temps qui courent, c'est plus prudent. Je dois sortir à tout prix de la ville pour gagner les bois où je pourrais facilement me cacher. Justement une clinique vétérinaire se trouve à la lisière de la forêt. J'attrape mon chat brun et le fourre dans un panier brun. Ainsi j'aurais l'air d'un brun se rendant chez le véto.

Je file sans demander mon reste. Puis je me ravise. Je dois absolument me calmer, surtout ne pas avoir l'air pressé, sinon, je risque de vite me faire repérer, avec tous ces policiers bruns qui patrouillent dans les rues. Je ralentis mon pas et essaye de prendre un air décontracté. Après une bonne heure de marche j'arrive enfin en vue du fameux bâtiment.

Je m'arrête alors dans un petit square et je m'assieds sur un banc. Je vérifie qu'il n'y ait personne aux alentours et j'entrouvre la porte de la panière. Mon chat hésite un peu, puis se décide à sortir, il me regarde d'un air étonné et viens se frotter contre moi en ronronnant. Je caresse sa jolie tête brune. Mis en confiance, il bondit alors dans l'herbe et commence à explorer les alentours. Les minutes s'égrènent interminables. C'est alors qu'il aperçoit, sur un des arbres bordant l'allée, un petit oiseau sautillant de branches en branches. Le voilà hypnotisé par le volatile.

J'en profite pour m'éclipser, lui au moins ne risque rien de la part des bruns et il trouvera facilement une nouvelle famille.

Je me dirige tranquillement, comme un promeneur solitaire, vers les premiers sapins. Puis dès la lisière franchie je me mets à courir comme un fou à travers bois. Une seule idée en tête maintenant, passer la frontière. Pour cela il va me falloir traverser cette immense forêt.

Durant des jours et des jours, je continue à fuir, m'arrêtant seulement une heure ou deux pour dormir un peu, recroquevillé dans quelques creux de rocher ou quelques abris de fortune, m'orientant grâce au soleil ou aux étoiles, me nourrissant de racines et de baies, buvant l'eau des ruisseaux, trébuchant sur des racines, m'écorchant et me déchirant aux ronces et aux épines.

Après un temps qui me parut interminable, complètement exténué, je touche enfin au but. Affamé, épuisé, mes vêtements en lambeau, j'arrive à proximité d'un village.

Soudain, une main de glace m'étreint le cœur, mon sang se fige dans mes veines. Là, devant moi, sous le porche de la maison la plus proche, un chien brun est couché devant la porte.

Non ! Pas ça ! Non ! Au comble du désespoir, je tombe à genoux dans la poussière.

Entendant du bruit l'animal se lève et s'avance un peu. Mais non, il n'est pas brun, plutôt marron clair tirant sur le roux, une lueur d'espoir commence à s'emparer de moi et lorsque j'aperçois sur une des fenêtres, un chat noir et blanc faisant consciencieusement sa toilette, je ne pus retenir mes larmes.

2023.14.12 jeudi


 

Du Brun, Rien Que Du Brun ! ? Et Quoi D’Autre ? par Michèle

Un ours brun

Dans un arbre au tronc brun

Trempe sa patte

Dans le miel brun.

 

Deux ours bruns

Se frottent à l’écorce brune

Les pattes dans les feuilles mortes

Et dans la terre brune

 

Trois ours bruns

Cherchent des bolets

Ces champignons bruns

Des sombres forêts

 

Quatre ours bruns

Dégustent des marrons glacés

Friandises brunes et sucrées

Ainsi que des papillotes chocolatées.

 

Plus d’ours bruns

Disparus dans leur caverne brune

Ils digèrent leur festin

A l’abri de la lune.

2023.14.12 jeudi