À Ce Matin b. Une Suite… par Hug

 

Je m’arrache du lit et file jeter un coup d’œil à la fenêtre. La rue est calme, la cours vide. Ça me rassure un peu, juste un peu.

Je demande Qui es-là ?

Charlie ! Merde ouvre !

Je déverrouille, entrebâille et d’un coup la porte me claque à l’épaule, violent. Le chien de Charlie, le labrador brun se met à tourner dingo dans l’appartement le museau ras du sol. Mon chat planqué au premier coup dans la porte se garde bien de pointer les moustaches, pas pressé de saluer le furieux.

Charlie tourne le verrou, regard sombre. Il y a personne ni là, ni dehors, je dis. Ils sont partout, qu’il répond. Il s’assoit et me raconte qu’hier quand la patrouille emmenait ses captures au Centre Brun de Vérification des Racines le fourgon est tombé dans un traquenard.

On avait déjà évoqué la rébellion, entre nous on avait imaginé une sorte d’armée secrète prête à bloquer le système par de petites actions modestes. On savait que des mouvements se constituaient, petits mais nombreux. Les Nouvelles Brunes n’en parlaient guère, tout au plus quelques arrestations de fauteurs de trouble, de poseurs d’affiches, de graffs. Rigolos et inoffensifs précisaient les Nouvelles avant d’expliquer que, tout même, les voyous arrêtés étaient placés en séjour éducatif dans les Parcs Thématiques de Redressement de la Pensée.

D’autres réseaux d’informations, clandestins ceux-ci, laissaient entendre que des groupes organisés se constituaient à travers le pays Brun. Les informations se transmettaient d’un groupe à l’autre, jamais plus de cinq individus par groupe. La liaison avec les autres groupes passait par un seul individu, pas plus. Malgré une structure réduite les actions prenaient de l’ampleur, s’organisaient rapidement et les arrestations faisaient, le plus souvent, nasses vides.

L’embuscade qui avait libéré Charlie avait été déclenché avant même l’arrivée de milices brunes, le réseau ramifiait jusque chez les miliciens ; Charlie avait été prévenu de sa prochaine arrestation.

Ainsi j’appris de Charlie qu’il était membre d’un groupe d’actions depuis six mois, il cherchait d’autres compagnons capables de développer le réseau. Les responsabilités étaient importantes et les risques lourds. On se connaissait depuis la toute petite école, de projets bancals à d’efficaces coups de main sérieux Charlie avait confiance en moi, l’inverse était sans ombre, il savait mes faiblesses, le reste comptait triple. Charlie dit Tu es avec moi ? tu es avec nous ?

Mon passage à la clandestinité commença ce Matin-là…

2023.14.12 jeudi


 

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