Le carnet de voyage
Mais c’est quoi cette manie du carnet de voyage ?
Dessiner ces paysages du désert, trouver ça beau, ah oui, c’est orignal, ça dépayse, c’est pas comme chez nous. Ça invite à la rêverie, au voyage intérieur, hein !
Mais alors, comment ça se fait que ceux qui vivent dans ses paysages magnifiques préfèrent venir s’entasser dans ces cabanes cages à poule de nos HLM de banlieue. Ils trouvent pas ça beau, leur chez eux ?
La beauté ne leur suffit pas ? Ils l’ont assez vu ?
Oui, eux aussi veulent changer de paysage.
Mais ils n’en font pas de carnets de voyage, même si le voyage jusqu’à chez nous, ils l’ont fait.
Ils ont parfois tout donné pour ça, mais une fois arrivés, ça ne leur plaît pas, ils veulent déjà partir, sans se décider.
L’humain n’est jamais satisfait de ce qu’il a. Il croit qu’ailleurs, c’est mieux !
Moi, je connais un ailleurs qui est bien mieux, parce que sans bouger, on voyage dans tant de pays différents, multiples et variés, hauts en couleurs, en odeurs, en saveurs, en musique et même parfois en sensations.
Un voyage extraordinaire, qui dure longtemps ou peu, mais chaque fois se renouvelle.
Et les aventures qu’on y vit sont à nulles autres pareilles.
On y rencontre des gens de toutes sortes, de toutes les couleurs et hauts en couleurs, des jeunes, des vieux, des sympas et des hostiles, mais même si tu reçois un coup de poignard, ton voyage se poursuit.
Tu peux loger dans des cabanes ou des palais, dormir en bord de mer ou au sommet du Mont Pelé, rencontrer le Dalaï-lama ou la reine d’Angleterre, manger de l’écorce d’arbre ou un succès au chocolat.
Te faire masser par une source chaude en plein désert ou te faire soigner par des extra-terrestres débarqués de leur soucoupe volante.
Tu auras même le pouvoir de voler au-dessus de somptueux paysages.
Bien sûr, tu peux aussi traverser des fleuves remplis de merde, te retrouver enfermé dans une cage avec des rats, servir de repas à des pygmées ou voir ta mort venir en face.
Ou encore te battre contre des dragons argentés.
Tu ne sais pas à l’avance ce que tu vas vivre. C’est là la règle du jeu.
Mais quel que soit le voyage, l’aventure continue.
Bien sûr entre deux voyages, tu vas vivre des pauses, et c’est là que tu noteras et feras de drôles de comparaisons avec ta vie.
Tu auras parfois l’impression que ces voyages en sont le reflet, et à d’autres moments, tu penseras : « Mais non, c’est stupide, ça n’a rien à voir avec moi. J’ignore d’où viennent ces fantaisies absurdes, mais oh combien parlantes, touchantes.
Malgré tout, tu ne pourras t’empêcher de continuer à rêver, t’allonger la nuit venue et sombrer de l’autre côté, emporté par le vaisseau du sommeil.
Le lendemain, tu en relateras les souvenirs dans ton carnet de voyages nocturnes.
Mais ce qui t’étonne, c’est que ces voyages- là, qui en édite des carnets avec textes et images ?
Qui s’extasie devant ?
Qui est prêt à relever le défi ?
Déjà je les interprète et c’est pas de la tarte. Ah si je savais peindre !
Pour moi, c’est un autre voyage, dans les méandres des mots et de la psyché.
Mais c’est un voyage qui conduit à l’autre bout du tunnel. Après la traversée de l’ombre, des ombres, la lumière enfin !
Et je renais, comme neuve à la vie.
Chaque pan interprété est une nouvelle construction de réalité qui me fait voir la réalité autrement que je ne l’imaginais. Et le voyage continue dans la vie, le présent.
Le passé s’estompe, les angles morts tombent.
Quelle vision d’ensemble !
La vie est comme une symphonie, une œuvre majeure, dont chaque note résonne en moi, si subtile.
2024.09.12 jeu.
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