Sixième enfant d'une grande famille, j'étais alors le dernier, le petit bleu ; le rose déjà pris par mes cinq sœurs. Pour cette occasion j'eus droit à des draps bleus clairs comme le papier-peint de ma petite chambre.
Puis vint le temps de l'éducation et de l'école. Je me rappelle encore des couleurs sur les murs des couloirs et de la classe des garçons : un bleu reposant afin de ne pas nous exciter pendant la journée.
En 1968, le service militaire m’appela pour 16 mois (pas de chance, après ce fut abaissé à un an). Les anciens me surnommaient "bleu-bite".
Bientôt j’ai rencontré une belle célibataire qui me présenta à ses parents : maman, libraire ; papa, gendarme.
Curieusement, même au domicile, il gardait son uniforme d’un bleu foncé vraiment délavé comme ses idées moralistes et dirigistes.
Dans ma petite ville au bord de l'océan bleu-gris, il y avait un petit stade où chaque W.E. j'allais avec mes copains jouer au rugby.
Un samedi, je suis revenu le visage gonflé et bleu-violacé à cause d'un ballon reçu trop fort sur le front.
Depuis l'eau a beaucoup coulé.
Je me rappelle un très long déjeuner familial où mon imagination déborda en croisant des petits hommes bleus tournicotant autour du plat de champignons.
Finalement ce n'était qu'une B.D. qu'aussitôt j'offris à l'un de mes neveux car lui avait tout de suite compris.
Une autre fois, (c'était un mercredi) en fin d'un repas entre collègues, j'ai demandé au serveur le plateau de fromages.
Même pas un morceau de bleu de Gex ou de bleu d'Auvergne... Rien que du Comté, du chèvre ou du brie.
Franchement ce n’est pas normal.
Depuis par habitude, je ne porte que des vêtements bleus sans aucune association avec ce vieil homme toujours en bleu de Montmartre.
Mon stylo n'écrit qu'en bleu sur du papier blanc.
Le mois dernier j'ai reçu un papier bleu me convoquant au commissariat pour un témoignage sur un récent événement.
Un Alpha-Jet de la Patrouille de France n'a pu reprendre son chemin avec ses compagnons.
Il tournoyait longtemps lâchant sa fumée bleu-blanc-rouge avant d'atterrir enfin sur le petit terrain d'Arbent.
Je crois que cette couleur reste pour moi comme le symbole de l'imaginaire et de l'incroyable.
Du foncé au plus clair, il me faudra choisir dans quelques temps l'œil vaillant pour voir des bleuets agrémenter ma boutonnière.
MONSIEUR KLEIN AVAIT RAISON : LE BLEU EST LE REFLET DU DESTIN.
2023.05.10 jeudi
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