« Je suis une soupière caractérielle. »
Bonjour à vous les Plumes,
Je me présente : je suis soupière. Rien de bien extravagant, j’en conviens.
On m’occupe, dans les maisons les plus traditionnelles une fois jour vers 19 heures, enfin… je vous parle d’un temps où la vaisselle avait porcelaine ou faïence sur table. De nos jours, au présent de l’indicatif d’aujourd’hui maintenant, les soupes sont en boite, boite cartons, bouteilles plastique ou verre et même, même, je l’ai vu, de mes oreilles vu, en sachet.
De la soupe en sac. Une poudre. De la soupe en poudre !!! Mais dans quel monde sert-on ? De quoi taper du pied. De quoi s’écailler la bordure, s’ébrécher le bourrelet. De quoi se tourner le couvercle en bourrique.
Non seulement je l’ai vu, mais, je l’ai contenue la mixture. C’était un début de soirée, la maisonnée était rentrée à la traine. J’entends On se fait une soupe vite fait. Oui, ici c’est toujours tout vite fait, surtout vers l’heure du repas, cause que à la télévision il y a feuilleton et journal parlé avec des images qui bougent juste à la suite. Alors il ne faut pas s’alanguir à l’assiette.
Ça s’affaire autour de la gazinière. Je vois un sachet se faire trancher le dessus façon hara-kiri. De désespoir l’écorché est vidé de son intérieur dans une casserole stationner proche. Une âme assassine en noie le contenu en déversant un litre d’eau. Un passage aux flammes, dix minutes de feu aux fesses finissent d’achever la préparation.
Je trépigne de colère, je vais me verrouiller le couvercle, la bouillie infâme n’aura qu’à se faire porter ailleurs. Tiens dans la casserole, une casserole cabossée au centre de la table quelle élégance. Je serre mes pièces, je me sens rougir de rage. Je ne céderai pas.
J’ai peu résisté, je l’avoue, tant la soupe je la voue et le service c’est le service, j’ai servi chez un général du pire, règlement-règlement, inspection sanitaire, les creux qui étincellent, le pied propre, les anses alignées, le couvercle astiqué et service toujours prêt.
En ma panse j’ai recueilli le brouet, ma grimace de dégoût s’est détendue d’un coup, c’était chaud, ça m’a remis de bonne humeur. La maisonnée s’est servie. À chaque plongée de pochon je priais saint-sel et saint-poivre qu’il reste dans mon bon fond de quoi y goûter. L’appétit des gens qui m’occupent fut démesuré cette fois, au pain ils épongèrent mon fondement généreux jusqu’aux moindres plis et recoins.
J’en suis encore toute retournée. Mais, tiens ! en voilà une idée, au prochain service, je me passe cul par-dessus le couvercle et me jette du vaisselier, j’en ai ras le bord, une envie de rendre… mon tablier. C’est décidé, au prochain sachet de poudre, je me casse.
2023.05.10 jeudi
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