La nuit se lève depuis l’horizon de l’est. Elle délace sa chemise nuit bleue. Avec le temps qu’il faut pour replier son habit elle se courbe en un mouvement lent vers l’ouest.
Au bord de l’orient la lumière irradie la crête des monts, un trait bleu presque blanc surligne en contour la silhouette des forêts. Le ciel mélange ses azurs en parfaite harmonie, le jour gravit la gradation du bleu. Montant pas à pas, par l’horloge rythmé, le soleil souffle autour de lui des poussières de rêves cauchemardesques jonchant la mi-sphère.
Le jour prend place dans un ciel encore tiède des ébats oniriques des amoureux de la nuit.
Le blanc lumière inonde à présent de son azuré l’entièreté de la voute dégagée. Les nuages, en visite par ailleurs, ne peuvent témoigner de la beauté du moment, celui qui voit la nuit disparaitre complétement poursuivant son ouvrage vers un autre versant.
La Lune, parfois, se fait compagne de voyage. Traversant océans à surface trop sombre à l’heure de minuit seule l’astre sans hale donne à la peau des eaux la chance d’être vue. Les marins et autres aventuriers, solitaires ou moins, apprécient ces moments d’écumes et de crêtes éclairés.
Naviguer aux étoiles se préfère dans la nuit bleu marine, la voute est mitée, d’étincelantes percées vibrent au regard. C’est ce bleu qui est bon aux voyageurs sur l’eau, tout autour partout où les yeux se posent l’horizon se voit dans son infime courbure.
Le jour est en éveil complet le bleu fait variante, se délaye, tourbillonne ses tons. Layette en croissance, il prend des airs de tropical écho, s’adoucit en turquoise, s’alanguit jusqu’à Prusse. Alchimiste puissant il manipule les éléments du cobalt fait saphir, de l’aigue-marine aux côtes de France.
Quand jour aura fait traversée outremer, au crépuscule électrique nuit reviendra.
2023.05.10 jeudi
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