Des Faits, De La Science par Thierry

 

La Lune ! Mais on n'a pas attendu Jules Verne, ni la NASA pour y aller. Nozôtres initiés, on y va pique-niquer fréquemment et de longue date. Mais le vrai de vrai voyage, celui de nozôtres, il se fait sur la face cachée. C'est pour ça que ça c'est jamais su, ni jamais vu et qu'il y a autant de sceptiques. Mais avant de voir tout ça, faut déjà bien voir d'où l'on part. Un peu de science, de lumière ! De la pure, de la sûre, de l'éblouissante.

Non, non, non, la terre n'est pas ronde, comme le clament encore quelques illuminés sphéristes. Elle est plate et circulaire. Ça change tout et ça vous en bouche un coin, je le vois bien. Nozôtres initiés avons longuement et astronomiquement étudié le sujet. Je vais vous apporter la preuve de cette réalité. Avez-vous jamais observé les marées ? Vous êtes-vous jamais demandés où peut bien aller toute cette masse liquide au jusant, d'où qu'elle revient au flot ? 

Il n'y a qu'une réponse évidente et logique : la Terre est plate. Plate oui, mais pas immobile. Rien à voir. Par l'effet des forces cosmiques, des vents et des mouvements de foules (le week-end à la campagne et la semaine à l'usine par exemple), elle oscille au gré d'un faible roulis, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre, insensiblement, immuablement, comme si elle était bercée par l'immensité de l'univers. Un coup chez les uns d'un côté, un coup chez les autres : c'est les marées.

Vous avez, sans nul doute, tous entendu parler des grandes marées. La Terre, subissant le rythme irrégulier des toutes ces influences, n'a pas une oscillation parfaite et égale dans le temps. Elle penche un peu plus par moment, générant les grandes marées. À son maximum, il se produit une très grande marée. Du fait de la dimension de la Terre, lors de son inclinaison, il y a une extrémité, qui en s'inclinant, se rapproche de la Lune. Celle-ci également plate et circulaire, oscille également dans une moindre mesure. C'est une subsistance lointaine de l'époque où l'eau et les marées existaient aussi sur la Lune. Il en résulte l'apparition d'une attraction phénoménale entre les deux astres, et il se crée alors un "pont lunaire". Bien sûr, vous n'êtes pas des initiés et je vois sur vos visages l'éclat du scepticisme rayonner, comme le soleil sur le désert. Mais nous ne sommes pas là pour Paul et Mickey. Ils n'y sont pour rien et il y a des parcs pour ça. C'est d'ailleurs pour éviter ces vaines querelles et autres quolibets bêtes, que nozôtres initiés, nous astreignons à ne franchir ce pont spatial que de nuit, en silence et sans autre éclairage que celui de la Lune. Une fois parvenus chez elle, nous nous réfugions à l'arrière-boutique, sombre et vide. De la sorte, personne ne nous voit, rien ne s'ébruite. Etant tous pourvu au départ, en plus des bougies et duvets, de solides et goûteux casse-croûtes ainsi que de moults breuvages délicieusement euphorisants, nous vaquons chaleureusement, loin de la médiocrité humaine. Selon notre état et notre disponibilité, soit, en court séjour, nous traversons la Lune pour repasser le "pont lunaire" à la très grande marée de l'autre côté, soit, en long séjour, nous nous attaquons à de savants travaux, éclusons patiemment toutes nos provisions et tels les sages que nous sommes, attendons que la très grande marée suivante se reproduise du côté où nous sommes arrivés, pour retraverser et rentrer à la maison.

N'est-ce pas simple et évident ? N'est-ce pas enchanteur et délassant ? Je ne saurai trop vous conseiller discrétion et retenue sur ces révélations, il faut bien le dire, quasi-nobélisables. Mais restons-en là. Vous savez tous à quoi mène le tourisme de masse. Nozôtres initiés y prenons garde : ne faisons pas d'une vérité ignorée, une niaise ruée selfique.

2024.10.17 jeu.

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Il Est Trisme Ce Matin par Thierry

 

Wouah ! Qu'est-ce que c'est qu'ce truc-là ? Mais j'suis où là ? D'habitude j'arrive et ça s'arrête à : "sorry, i speak english like a spanish cow". Même avec mon accent de plouc, j'suis très content content de moi. Gentiment, on m'prend en charge. Mais là ?

Y'en a des signes et des ça dans tous les sens. Y causent comme y z'écrivent : ça baragouine et ça gribouille un de ces sabirs ? Si ça s'trouve y 'z'écrivent à l'envers et y causent à l'envers. Wouah ! Ça va pas être simple d'aller à l'endroit.

 

"Pardon ! Le bus pour Komponto... Konponto... Kongpongtong... vroum vroum vroum ?" J'le dis pas bien ou quoi, faut croire. C'est pourtant c'est là que j'vais... normalement. J'en arrête un autre. "Vous parlez français... siou pli... même qu'un tout tout p'tit peu... le bus... métro... ratp?" Comprennent rien ici ma parole, où qu'j'ai mis les pieds ? J'ai reculé dans le temps ? "Holà maraud, baillez-vous le françois ? Moi, quérir fol estaminet pour ripailler ?" C'est pas gagné mon affaire. J'peux pas leur parler, j'peux rien lire sur leurs panneaux et j'suis pas bon en mime.

Va quand même bien falloir survivre, j'vais pas passer mes vacances dans un hall d'aéroport, finir comme une curiosité pour les locaux. Tout seul à embarquer dans l'avion, j'aurais dû me douter. "Hôtel, s'il vous plait...hôtel, s'il vous plait... hôtel..." Ben pourtant c'est international hôtel ? Pas chez eux ou y'en a pas alors. Va savoir ? "Dodo... rrrr... rrrr... dodo faire !" Y devraient comprendre ça quand même ? Même si y ronflent à l'envers, ça fait toujours rrrr... Au lieu de toujours sourire et continuer leur chemin.

 

Si j'crie au secours, ça peut peut-être marcher, les interpeler. "Au s'cours ! Mayday !"... "Non, non, vous pas avoir peur, moi très gentil. Regardez, moi sourire aussi... hiiii."... "Pas avoir peur, vous sauvez pas... je souriais." Bon sang de bonsoir, ça m'avance toujours pas bézef. Y'en a quand même bien un qui va avoir pitié à la fin. D'ailleurs, j'commence à avoir faim ! "Maman ! j'veux ma maman ! vous pas comprendre maman ?"

 

Ah ces idées la c... ! C'est bien la dernière fois que pour choisir une destination, je pose le doigt au hasard sur un globe terrestre, surtout pour un départ de dernière minute. Quitte à rien n'y comprendre, autant continuer d'aller à l'atelier de M'sieur Hug.

2024.10.17 jeu.

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Des Faits, De La Science par Monique

Par une belle et douce soirée d'été,

Vers l'astre de la nuit, les yeux levés,

Accoudée à ma fenêtre, je contemplais,

Sa face blonde et ronde, qui me souriait.

Comme cela doit être bon d'être là- bas,

C'est ce que je pense en tout cas,

Loin de la ville et de la pollution,

Loin du bruit et de la surpopulation.

Quel bel endroit pour pique-niquer

Oui, sur la Lune, un jour j'irai diner.

L'ami Pierrot me prêtera sa plume,

Mon encre ce sera de la mer l'écume.

Avec j'écrirai une musique si légère,

Que les notes s’envoleront de la Terre,

Jusqu'aux cieux en une farandole joyeuse.

Me faisant un escalier, où, heureuse,

Je pourrai grimper, avec mes paniers,

Mon parapluie et mes jolis souliers.

Je déplierai ma belle nappe brodée,

Lorsque à destination je serai arrivée.

Face à la célèbre mer de la Tranquillité,

Je m'installerai pour un repas bien mérité.

Quand j'aura enfin terminé de festoyer,

Près du lac des songes, j'irai m'allonger.

Puis ensuite sur Terre je redescendrai,

J'ouvrirai mon ombrelle, et je sauterai.

2024.10.17 jeu.

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