Debout ! Le jour est là. Je file à la boite à journaux au coin de la rue. J'en attrape un. Je l'ouvre et… et… Mais qu'est-ce que ? … Je ne comprends pas… Je ne comprends plus… Mais alors là, rien de rien. C'est quoi tous ces signes bizarres qui s'étalent sur toutes les pages ?
Pourtant hier matin encore, je me souviens avoir lu les nouvelles sans problèmes, les articles étaient écrits avec un alphabet tout ce qui a de plus normal.
Et aujourd'hui ! Il n'y a plus que ce charabia incompréhensible. Pas possible, je suis victime d'un canular. C'est pour la caméra cachée, ou quoi ? Je lève la tête et regarde autour de moi, cherchant un indice quelconque.
Oh ! non ! Voilà maintenant que toutes les enseignes des magasins de la rue sont aussi écrites dans cette langue inconnue ! Ils vont peut-être tourner un film ? Et personne ne m'en aura averti. C'est bien la seule explication logique qui me vient à l'esprit.
Soudain, j’aperçois quelqu’un qui vient dans ma direction.
- Hello ! Vous avez vu tous ces signes cabalistiques dans le journal et sur les vitrines ? C'est pour un film n'est-ce pas ?
Et là, il me répond en émettant des sortes de bruits étranges, genre volet métallique mal graissé agité par le vent.
- Allez ! arrêter cette comédie, vous êtes un acteur, je ne suis pas dupe, allez avouer.
Piqué en face de moi, il reste à me regarder avec de grands yeux étonnés, semblant ne rien comprendre à tout ce que je lui dis. J'insiste, mais lui reste de marbre.
Devant son silence, je commence à perdre patience. Je l'empoigne par le revers de son manteau et me mets à crier.
- Vous allez, cessez immédiatement de vous foutre de moi ! Vous me prenez pour un débile ! Si vous pensez que je vais vous prendre pour un extra- terrestre ou un être d'une autre dimension, vous vous fourrez le doigt dans l'œil. Je vois bien que vous faites semblant. Vous ne pensez tout de même pas que je vais avaler une histoire aussi abracadabrante.
Soudain, avec la rapidité d'un éclair, il me colle un direct en pleine poire qui m'envoie valser au loin. Je me retrouve assis sur le trottoir, étourdi par le choc.
Dans une demi-conscience, je perçois mon inconnu qui s'enfuit tout en grinçant et crissant de plus belle. Complètement déboussolé, je me relève avec peine et je rentre chez moi. Là, je commence à me calmer un peu.
Mais que se passe- t- il donc ? En quête d'informations, j'ouvre mon portable, à tout hasard. Mais ! Horreur ! Lui aussi est contaminé. Sur l'écran s’affiche désormais les sinistres et déments caractères typographiques. Et ils sont partout autour de moi, j'en découvre dans tous les coins et recoins de ma maison, et même sur les emballages de mes provisions. Ça va être pratique pour se faire à manger ! Comment savoir ce qu'il y a dans les boites ! Comment différencier le ronron des minous des terrines de lapin ou de gibier ? Comment reconnaitre les chips des apéritifs des friandises aux limaces et insectes broyés des hérissons ? Beurk !!! Vous voyez le tableau si je me trompe de paquet, j'en perds l'appétit rien que d'y penser.
Quant à aller au restaurant, ne sachant ni lire, ni écrire, ni parler ce foutu dialecte, impossible de lire la carte ni même de commander. Impossible aussi de communiquer pour appeler au secours. Quel cauchemar ! C'est pas possible ! Je viens de basculer dans un épisode de la quatrième dimension. Me voilà condamné, pour toujours, à l’isolement, à la solitude. Prisonnier d'un monde hostile, ou personne ne me comprend et ou je ne comprends personne. Comme un naufragé, sur son ile, abandonné de tous, je vais mourir de faim, seul dans mon coin.
Non ! Non ! Pitié pas ça ! Non ! Non ! Noonnnn !
Soudain, hurlant et gesticulant, j'ouvre les yeux. C'est avec stupéfaction que je me retrouve installé dans mon fauteuil devant la télé. Ouf ! Ce n'étais qu'un rêve ! Un horrible rêve !
J'avais voulu, regarder un film suivi d'un débat sur l'illettrisme. Comme le programme trainait en longueur, je me suis endormi avant la fin et fortement impressionné par le sujet traité, j'ai fait ce rêve abominable.
2024.10.17 jeu.
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
vous vous nous nous