Avant Dans Son Quartier, Dans Sa Rue… par Christine

Elle a emménagé là avec toute sa famille au moment de son entrée à l'école primaire.

Dans cette drôle de rue qui s'appelait "villa". C'était une impasse courbe se terminant par une grande grille.

 

Elle habitait au numéro cinq, au cinquième étage d'un immeuble ancien, typiquement parisien, dans cette voie calme où rien ne circulait.

Pas un arbre, pas de verdure, pas d'enfants qui jouent, rien que des pavés et du bitume sur les trottoirs. Des deux côtés stationnaient les voitures des riverains. A cette époque, en plus de la crise du logement il y a eu l'arrivée du stationnement payant dans la plupart des rues de la capitale, et il y eut aussi la crise du stationnement.

 

Le seul spectacle qui avait lieu dans cette "villa", en dehors des chiens qu'on promenait le soir et qui laissaient leurs crottes ça et là le plus naturellement du monde, c'était l'irruption du klaxon insistant de la voiture garée au bout de l'impasse et bloquée par une, voire deux ou trois autres véhicules garés derrière. Tout le monde se mettait aux fenêtres pour voir qui gênait. En bas, on s'invectivait, on claquait les portières pour faire une marche arrière rageuse rendue délicate par la courbure et l'étroitesse de la voie.

 

Elle assistait à ces séances de petites émeutes plurihebdomadaires à la fenêtre du salon avec une certaine curiosité. C'était là le plus gros évènement de la rue. Quand elle rentrait à pied de l'école midi et soir avec quelques petites filles du quartier elle finissait seule son trajet dans la villa déserte et calme qui portait plus ou moins bien son nom, la villa Montcalm.

 2023.06.08 jeudi