Son Excellence Eugène Rougon, ambassadeur de France à Washington, a assuré la fortune des Rougon après la conquête de Plassans.
Sorti indemne et victorieux de cette bataille décisive - qui n'a laissé de traces que dans l’œuvre monumentale du Docteur Pascal - ayant mesuré l'horreur et la violence de la bête humaine dans cette curée infernale, Eugène quitta les armes et décida de conquérir la terre par l'argent.
Pour cette tâche plus pacifiste il s'adjoignit les bons services de l'abbé Mouret qui officiait dans les hautes sphères proches du pouvoir royal.
Le rêve se réalisa rapidement tant les choses sont faciles dans ces milieux avertis. Il puisa dans le pot encore mieux et plus que les autres!
Quand le ventre de Paris gronda et se révolta, que se fut la débâcle pour beaucoup, il alla se réfugier aux Amériques par le premier bateau.
Là-bas tout réussit pour qui a de l'ambition et peu de scrupules. Il fonda le premier casino de jeu de la côte Est et ramassa l'argent à la pelle.
Il vécut en ces années fastes une grande page d'amour, avec une petite nana à la jolie bouille, repêchée dans le ruisseau, et qui aspirait à la joie de vivre... Cependant elle devint assez vite un assommoir pour Eugène et ne dut de garder sa place d'épouse qu'à sa tolérance au bonheur des dames qui se pressaient autour des tables de jeu et d'Eugène. Pas jalouse pour deux sous!
Quand tout fut plus calme en France et que sa fortune fut bien assise, Eugène reprit le bateau et retrouva les bonnes grâces du nouveau pouvoir, qui n'était que l'ancien. On avait oublié Germinal et l'An II, le petit général et toutes les brouilles familiales. La restauration des grandes lois fondamentales de la société était applaudie des deux mains. La Révolution était révolue, la grande vie pouvait reprendre et Eugène ne s'en priva pas jusqu'à sa mort!
2023.09.21 jeudi
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