Madeleine(s) En Marcel Sur La Page par Agnès

 

Page 19 du Rémi et Colette, effluves fumeuses d’Amsterdamer dans le sillon du Directeur, sniff furtif dans le pot de colle, amande amère.

Amande amère, trois gouttes dans les petits fours duchesse de ma mère.

Ma mère, à califourchon sur ses épaules, mon nez enfoui dans ses cheveux, je me dope, shampoing aux œufs.

Œufs de lump que l’on fait rouler sur la langue et qui éclatent en giclées de mer dans la bouche.

Bouche bée devant Zag, l’alter égo féline de nos jeux d’enfants, courageuse maman de six chatons aveugles et affamés.

Affamés, au retour de la plage, peau sablée au Bergasol, buvant le sirop d’Orgeat qui vient cogner la croute de sel sur nos lèvres.

Lèvres sèches du jeûne qui accueille le lait caillé et les dattes.

Dates indélébiles, moments tatoués, madeleines cachées dans notre boite en fer intime dont nous soulevons parfois le couvercle comme pour nous consoler.

Consolée, je voulais l’être ce matin en y chapardant  un petit carré de pâte de coing, de celle que nous confectionnions quand le généreux cognassier de notre jardin croulait sous ses fruits et appelait en renfort les femmes de notre quartier pour nous donner la main : joyeux bazar dans la cuisine, rires et tenues colorées, langues de femmes multicolores, chaâbi algérien, fado portugais, berceuses kabyles, tarentelles d’Italie, Dolorès, Jacqueline, Fatiha, Tayakout, Edith, Najat, Esperanza, Djedjiga et Claudette qui nous emmenaient sur la Butte Rouge en passant par la Rue St Vincent. 

2024.06.27 jeu.

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