Avec Ces Mains... par Hug


Avec ces mains longtemps j’ai tenu ma tête, non pour lui éviter de tomber, de s’échapper, mais pour la reposer du poids lourd du vide qu’elle contenait.

« Tête vide, t’es qu’une tête vide ! » c’est ainsi que ça résonnait dans la caverne. Je ne comprenais pas le sens de cette remarque, ma tête était pleine. Pour m’en convaincre je la frappais de mes mains et point d’écho n’y vibrait.

Alors j’ai regardé mes mains songeant que s’étaient-elles qui pouvaient m’aider à remplir ce plein vide de plein inconsistant. Je me souvins que ces mains, les miennes, m’avaient déjà appris des choses pas inutiles dans ma période babillage.

 

Avec ces mains… la découverte des sensations que leur peau pouvait me transmettre fut un début de capitalisation de connaissance au cœur de ma tête. Je pris confiance en mes mains, et les souvenirs revenant à chaque nouvelle découverte me donnèrent confiance en ma tête.

Belle invention que cet équipement complexe capable de prouesse dans la mobilité, les sensations, la précision. Chaque révélation de leur usage potentiel m’émerveillait.

Je découvris leur capacité multiple, capable d’agir du bout d’un doigt à l’exploration de mes narines, de mes oreilles, ces mains savaient aussi danser devant mes yeux brillants d’approximatifs Ainsi-font enfantin déclenchant des rires cristallins et communicatifs.

J’appris que me nourrir était une activité pour laquelle mes mains devenaient expertes, évidemment non pas en mangeant leurs doigts, cela ne menant qu’à rendre la faim plus larmoyante, elles agissaient au transport de régals pâteux, gélatineux, liquides. Les paumes potelées et leurs pressions ingénieuses aux seins maternels ; les doigts agiles au maintien du biberon ; du geste malhabile, de jour en jour répété, à la tenue efficace de la cuillère chargée de carottes écrasées de l’assiette à la bouche, les exclamations joyeuses accompagnant la cuillère dans ses exercices de saut de l’ange en purée de patates ; mes mains m’ont nourri et ce fut bon.

Je grandis, mes danseuses à cinq pattes de petits rats également, sans toutefois devenir étoiles à diadèmes étincelants, elles apprirent de mes maladresses autant de mes justes gestes.

Je continue grâce à elles à me peigner sans peigne sans peine, à désencombrer certains orifices utiles aux sens, elles me permettent de compter sur elles le temps qui veille tout au long de nuits sans sommeil.

Avec ces mains, à présent, je tiens ma tête pas vide mais vieillissante qui fait ployer mon cou sous le poids de son poids, avec leur paume en rustine je tente de retenir ma mémoire qui s’en fuite.

2024.02.08 jeudi

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