La Mona Monologue par Christine

Ah Leonardo ! Je reconnais votre talent. Pour toutes vos inventions et votre art de peindre. Mais, mon cher, désolée de ne pas accepter ce portrait de moi.

Pendant toutes ces longues heures de pose je me demandais si vous sauriez rendre ma beauté éclatante, ma jeunesse, ma carnation délicate, mes cheveux soyeux et doux, mon regard fier et intelligent reflétant ma grande âme et ma grande culture. Quelle déception devant ce triste reflet de moi ! Où sont les couleurs chatoyantes de mes belles étoffes ? Quel est ce décor de Purgatoire ?

 J'aurais dû faire confiance à Botticelli, à Lippi ou à Raffaello. Il y en a tant d'autres en ces temps de renouveau qui peignent le zéphyr et le printemps d'un air pur et vibrant ! Il y en a tant d'autres à Florence qui mettent dans leurs palettes les couleurs les plus étonnantes et les plus subtiles !

 Quelle est cette histoire de sfumato ? C'est mon éclat que vous avez enfumé ! Mes lèvres incarnates, mes dents nacrées, mes pommettes roses, où sont-elles ?

Quelle est cette fable de regard qui vous suit ? N'est-ce pas plutôt vous qui me suivez sans cesse ? Toujours revenant sur votre travail vous avez perdu la fraîcheur et la vigueur du trait.

 

Non, vraiment, Leonardo, gardez ce portrait, emportez-le avec vous, continuez de le retoucher sans fin pour fabriquer votre idéal de beauté quelque peu étrange et statique, telle une Madone sans joie confite dans une atmosphère sans vie.

2024.02.08 jeudi

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