Hier, j’ai reçu de la soupe à la citrouille en pleine figure, j’aurai préféré du Prosecco, mais bon… sur la vitre, d’accord, mais ça fait drôle tout de même, j’en ai profité pour regarder ma montre : dix heures à sourire à vingt-cinq paires d’yeux à la fois, ce n’est pas une sinécure ! Je me serai bien gratté la tête mais j’ai eu peur de pas pouvoir remettre ma mantille !
Tiens, là-bas dans le coin, un petit nouveau de gardien, plutôt canon, je lui refilerai bien mon 06 ; malheureusement c’est le seul qui ne me regarde pas, c’est bien ma veine, un petit clin d’œil peut être, ni vu ni connu, il croira à une hallucination coquine à force de surveiller les allées et venues, Miskine *.
Eh Marcello, je peux t’appeler Marcello, tu as un petit air à la Mastroianni, Marcello, tu peux venir me décrocher de ce mur, je crois que j’ai une tâche de soupe sur ma robe, j’en profiterai pour faire un petit brin de toilette et changer de tenue, je me sens un peu boudinée dans ma chasuble, cinq siècles de sédentarité, ça empâte.
Mince ! Marcello, je n’avais pas vu la départementale dans mon dos. Oh ! s’il te plait emmène-moi sur ta Vespa pour un petit week-end à Rome, me baigner dans la Fontaine de Trevi comme la Sylvia de la Dolce Vita : « Marcello, Marcello, come here! Hurry up! » **, et toi : « Sì Sylvia, vengo anch'io! Vengo anch'io! » *** et puis « Tu sei tutto, Sylvia! Ma lo sai che sei tutto, eh? You are everything, everything! Tu sei la prima donna del primo giorno della Creazione. Sei la madre, la sorella, l'amante, l'amica, l'angelo, il diavolo, la terra, la casa. Ah, ecco cosa sei, : la casa! » ****
« Et toi Mona Sylvia Lisa Joconda, tu vas y retourner dare-dare à la casa » me lance Marcello, « finit la récré, on rentre au bercail que je te raccroche au mur vite fait »
Sur le chemin du retour, j’ai essayé de négocier : « Marcello, y’a pas moyen de suggérer une petite délocalisation dans l’oreille du boss, un petit séjour au Louvre d’Abou d’Abi… quoi ? Empreinte carbone, les écolos, risque de Royco sur le ciboulot… OK ! on oublie. »
« Marcello, un petit Boeing pour New York, le Métropolitain… quoi ? Portes déboulonnées, crash dans l’Océan, pas étanche, bouffée par les poissons… OK ! on oublie. »
« Marcello, St Pétersbourg, capitale culturelle de la Russie, l’Ermitage… quoi ? Poutine, opération spéciale, Ukraine, spoliation, œuvres d’art butin de guerre… OK ! on oublie. »
« Marcello, Madrid, Le Prado… quoi ? canicule 45°, cernée par les feux de forêts … OK ! on oublie » »
« Eh, Marcello, Le Louvres Lens…quoi ? En travaux, La Galerie du Temps fait peau neuve… OK ! on oublie »
« Ben, euh… Marcello, Roubaix, La Piscine ? quoi ? inondée ! la piscine ! … OK ! on oublie »
Silence…. « Marcello, une dernière, je te promets… le Musée d’Orsay… En métro, c’est vite fait, deux stations, Chatelet, St Michel… quoi ! OK ! … c’est OK… ? Youpi ! quoi… ? Oui le 26 juillet je rentre à la maison, je laisse la place à l’expo « Sport et Peinture » … oui pour les JO, j’ai compris, je suis l’actu quand même. Tope la pour Orsay Marcello, t’es un chou Marcello »
Attend Marcello, avant de poser la glace, j’t’invite à la Teuf de Léonard au Clos Lucé pour les cinq cents cinquantenaires, il y aura François et le fils Borgia. Attend avant de me suspendre, j’te donne mon url, tu me fais un petit mail Save the date… OK Marcello… Marcello… »
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* Le pauvre !
** « Marcello, Marcello, viens ici ! Dépêche-toi ! »
*** « Oui Sylvia, je viens aussi ! Je viens aussi ! »
**** « Tu es tout, Sylvia ! Mais tu sais que tu es tout, hein ? Tu es tout, tout ! Tu es la première femme du premier jour de la Création. Vous êtes la mère, la sœur, l'amante, l'amie, l'ange, le diable, la terre, la maison. Ah, c'est ce que tu es : la maison ! »
2024.02.08 jeudi
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